Roman - Editions De Borée - 348 pages - 21 €
Parution le 27 septembre 2013, rentrée littéraire
L'histoire : Après une douloureuse déception amoureuse, Aline décide de prendre le large. Ce sera quelques vacances en Afrique Noire pour une durée indéterminée dans un petit hôtel local. De semaine en semaine, Aline découvre, ressent, rencontre. Et surtout, elle met à profit son séjour pour rechercher Raphaëlle, l'amie d'une amie. Depuis 2 ans, la famille de Raphaëlle n'a plus aucune nouvelle... Celle ci a disparu, mystérieusement...
Tentation : Le pitch, la couv
Fournisseur : Gilles Paris, merci pour l'envoi
Mon humble avis : Comme je me suis sentie bien dans ce livre !
Si vous aimez l'Afrique, en rêvez, la fantasmez, souhaitez mieux la connaitre de "l'interieur", alors ce roman vous plaira autant qu'il m'a plu !
L'histoire se déroule dans un pays africain non nommé, avec une capitale fictive : Akofa. On sait juste qu'il s'agit d'un pays francophone possédant une façade maritime. Pas étonnant, étant donné que l'auteure dénonce royalement les républiques dictatoriales. Alors j'imagine que plusieurs Etats pourraient correspondre aux exactions et explications développées ici...
J'aime cette littérature qui, sous couvert de distraction, m'instruit, m'emmène avec elle au bout du monde, ou en tout cas dans un autre monde, comme si j'y étais. Oui, je me suis cru en Afrique durant 320 pages. De l'Afrique Noire, je ne connais que le Sénégal et Madagascar. Alors, ce sont les paysages du Sénégal, toujours bien présents en moi, que j'ai accolés aux descriptions majestueuses, délicieuses que la romancière fait d'Akofa et des alentours. Cette fois ci, j'ai bien senti que l'écrivaine vivait ce qu'elle avait écrit et de ce fait, je n'ai pu que le vivre moi même. La touffeur, la moiteur, la sécheresse, la chaleur écrasante, la pluie tropicale, la poussière, les dialectes, la végétation, la trépidence des villes et la lenteur africaine (au niveau des affaires), la nonchalence imposée par le climat, les difficultés de la vie. Tout ceci est magistralement mis en page par Catherine Hervouet des Forges et servi par une écriture sublime, très imagées Jamais je n'ai rencontré autant de belles métaphores pour dépeindre couchers de soleils, décors, atmosphères, ressentis. Tout cela m'a enveloppée, comme une nuit africaine.
Point de vélocité dans le rythme narratif, ni dans l'intrigue. L'auteure prend son temps, le temps qui n'a pas le même prix ici en Europe et là-bas, sous les tropiques. De là vient le mini-reproche que je pourrais adresser à cette histoire.... J'ignore sur combien de mois elle s'étale. Voire même un peu plus d'un an. Saisons sèche et humide servent de repère, mais j'avoue, j'ai été un peu perdue.
Au fil des pages, ce sont différents point de vue qui s'offrent à nous sur cette Afrique, belle, rebelle, intense, mais souvent gangrénée par la corruption en tout genre et subissant des dictatures sévères et/ou déguisées. Nous avons le regard de l'expat (Cyril), dont on n'arrive pas à savoir s'il est juste mal dans sa peau ou totalement superficiel, qui ne se mèle pas du tout à la vie locale. Aline, qui découvre tout et qui ne troquerait son hôtel spartiate et non climatisé contre rien au monde. Aline se fond dans la vie Africaine. Le couple mixte qui a subi la vengeance de l'Etat devant la réussite individuelle, le journaliste qui s'est retrouvé déchu pour avoir fréquenté de trop près une envie ministérielle. Léocadie, satellite de l'histoire, qui représente la femme noire en chasse à l'homme friqué. Alors oui, nous avons ici un sacré kaléidsocope qui nous permet d'appréhender cette Afrique avec le moins d'à prioris possible, malgré sa complexité, son ambiguité, son étrangeté. Traditions, us et coutumes, mentalité, tout cela est décortiqué avec soin et c'est fichetrement intéressant. Ce décodage d'une certaine Afrique est, je pense, le point fort du roman.
L'histoire m'a beaucoup plu aussi, faite d'une multidude de rencontres, de personnalités différentes. C'est une belle étude des moeurs et des relations humaines qui nous est offerte. Je me suis senti très proche d'Aline, déçue par l'amour mais toujours prête à s'emballer, malgré ses promesses intérieures de ne plus tomber dans le panneau.
Et bien sûr, plane tout au long du livre l'ombre de Raphaëlle, décidemment bien mystérieuse, qu'il nous tarde de trouver et de connaitre.
Léocadie m'a amusée. A travers son personnage et quelques autres scènes (notamment dans les maquis), j'ai un peu retrouver l'ambiance d'Aya de Yopougon.
La dernière pluie, une histoire très agréable, instructive. Une immersion dans l'Afrique des cases à terre battue, jusque dans les luxueux hôtels qui servent de garçonnière aux grands du gouvernement. A lire !!!