Je pense, au cours de ces dernières semaines, avoir assez fait du "French cinema Bashing" ( entre un Chateau en Italie, Atilla Marcel, La vie domestique et d'autres) pour ne pas me réjouir lorsque je vois trois bons films français à quelques jours d'intervalle.
D'autant plus que ces films sont toutes toutes trois des comédies, et il est bien connu que la comédie n'est pas vraiment la spécialité du cinéma français, tant on trouve une réusisite pour 10 films,et encore je suis sympa dans mon pourcentage!!
Mais concernant ces trois comédies sorties en octobre et novembre dernier, elles avaient été toutes les trois saluées comme il se doit lors du Festival d'Angoulème qui célèbre comme il se doit le cinéma français populaire des mois à venir. Avant même de les voir, ca sentait bon, et il y avait quand même notamment de fortes chances que ces films n'aient pas les défauts que l'on reproche souvent au comédies français, à savoir une mise en scène passe partout, des gags plats, des dialogues creux, une interprétation fade, et j'en oublie encore.. ;
Et cela s'est vérifié avec la première comédie de cette trilogie qui n'est autre que le film de Bertrand Tavernier, Quai d'Orsay, sorti le 5 novembre dernier.
Effectivement comme je connaissais bien la BD Quai d'Orsay, d'Antonin Baudry (alias Abel Lanzac , le pseudo d'emprunt sous lequel il s'est longtemps caché, ) et le génial illustrateur Christophe Blain, qui fait partie de mes gros coups de coeur dans le genre de ces dernières années ( voir mon avis sur le tome 1 et le tome 2), son adaptation cinématographique par une de nos gloires locales Bertrand Tavernier ne m'a pas énormément surprise sur le fond.
En effet, cette BD, énorme succès de librarie vendue à plus de 400 000 exemplaires, racontait avec énormément d'humour et d'intelligence le quotidien professionnel d'Arthur Vlaminck, « chargé des langages » au cabinet d'un t ministre des Affaires étrangères : le volcanique Taillard de Worms. dont personne n'a jamais cherché à dissimuler qu'il s'agissait de Dominique de Villepin.
Il peut -être surprenant de retrouver Tavernier sur un registre aussi drolatique naturellement, et d'ailleurs, je me souviens parfaitement du specticisme qui avait envahi sa fille, Tiffany Tavernier, que j'avais eu la chance de rencontrer plusieurs jours lors du jury du Festival D'Annonay à l'idée de ce projet qui n'en est était encore ( il y a plus d'un an et demi) à ses balbutiements pensant que son père n'aurait pas la vis comica nécessaire pour faire rire les spectacteurs.
Or après la vision du film, je pense que même sa fille a du être convaincu par le résultat. Certes, le coté satire et burlesque de la BD est amoindrie et certains gags sont plus drôles dans l'oeuvre littéraire ( celui de la guerre de l'anchois sous fond de Héraclite à tout bout de champ), qui m'avait fait hurler de rire dans la BD, perd un peu de sa force drolatique sur grand écran), mais en même temps, Tavernier a réussi à humaniser des personnages, qui dans les bulles de Blain paraissait comme de vrais monstres ( le ministre était décrit comme une minotaure, référence disparue ici) .
Et pour moi qui ai travaillé il y a maintenant près de 15 ans dans un ministère ( non pas au sein des affaires étrangères, mais dans un secteur un peu moins éloigné domaine un peu trop éloigné de mes aspirations, ) j'ai retrouvé certains lieux familiers et surtout quelques détails criants de vérité ( la différence de bureaux entre les conseillers, les gros points d'achoppement sur l'agenda du ministre ect...
Et ce ministre représenté dans le film certes parfois absurde, presque ridicule mais tellement décalé et parfois inspiré est à l'opposé de l'image habituelle que renvoie les hommes politiques à l'égard des citoyens blasés.
Alors certes, Thierry Lhermitte en Taillard de Worms n'est pas vraiment le personnage de la BD, ce dernier m'avait semblé être plus charismastique et plus imposant (dans la BD, le ministre était une sorte de créature à larges épaules,et nez préominant), mais assez vite on oublie cet état de fait, d'autant plus que le reste du casting est vraiment solide, mené évidemment par un Niels Arestrup en Claude Maupas est lui en revanche totalement le personnage tel que je l'avais cerné dans la BD. Dans ce rôle de modérateur las, toujours proche de s'endormir, mais finalement très fin stratège, il nous livre une prestation éblouissante, éloigné de ses emplois habituels.
Plus généralement, Tavernier nous prouve ici qu'il n'a rien perdu de son sens du cadre, il sait parfaitement où poser sa caméra et on pense parfois à un L 627, dans le quotidien de ces hommes qui donnent tout leurs temps et même plus pour essayer de changer le cours de l'histoire, mais un L 627 qui tremperait ici dans un vaudeville politique avec des portes qui claquent des les feuilles de discours qui volent dans tous les sens, et bien entendu des stabilos qui peluchent...Comment cela, vous ne saviez pas que les stabilos jaunes peluches? C'est que vous n'êtes pas encore arreté à la Station Quai D'orsay ( BD ou film) et il est dans ce cas plus que recommandé d'aller y faire un saut!!