Sherman Klump cherche un remède à son obésité. Sauf que lorsqu'il l'essaye sur lui-même, il devient Buddy Love...
La critique lourde de Borat
S'attaquer au cinéma de Jerry Lewis, c'est un peu comme si Keen V voulait faire un album de reprises de chansons de Jean-Luc Lahaye: ahurissant de conneries! C'est pourtant ce qui est arrivé en 1996. Peinant sérieusement à passer le cap des années 90, Eddy Murphy enchaîne les films anecdotiques, alimentaires voire très mauvais à l'image d'Un vampire à Brooklyn (ou Eddie suce Angela Bassett) ou Le flic de Beverly Hills 3 (ou Eddie fait panpan dans un sous-Disneyland). Il en revient même à jouer un tyran dans un clip de Michael Jackson (Remember the time réalisé par John Singleton) et à sortir quelques disques dont personne ne se souvient (Rockstar a ironisé en insérant une de ses chansons dans la bande-originale de GTA V). Avec Le professeur Foldingue, il va s'enfoncer encore plus puisqu'il incarne plusieurs personnages et notamment dans une même famille: les deux frères (dont le héros), le père, la mère et la grand-mère. A une différence prêt qu'au contraire du physique ingrat et boutonneux de Lewis, Murphy s'affuble de plusieurs prothèses signées Rick Baker (et récompensées aux Oscars) pour incarner un obèse.
Pareil pour les trois autres de la famille, Mémé étant rachitique. Qui à la réalisation de ce pâle remake de Dr Jerry et Mister Love? Tom Shadyac, réalisateur du monumental Ace Ventura, du jubilatoire Menteur, menteur, du "peut mieux faire" Bruce tout-puissant, de l'affreusement guimauve Docteur Patch et du gerbant Evan tout-puissant. Tout est dit: Eddie a le champ libre et son humour risque de prendre un méchant crochet du droit. Oubliez le comique fantastique de 48 heures ou Un fauteuil pour deux; place à l'humour gras et bas du front. Première série de gag? Des gerboises sont libérées malencontreusement et enchaînent les catastrophes. Une riche donatrice manque d'en avaler une, une autre chie dans le café du doyen (Larry Miller en plein cabotinage), mais la meilleure est ce gag pour le moins vulgaire où un jeune homme se voit affubler d'une gerboise dans le caleçon et ce dernier bouge beaucoup au niveau de l'entrejambe de gauche à droite. Sa copine plutôt cochonne lui dira ensuite "ben toi alors!" la bouche grande ouverte. Il a dû passer une bonne journée ce garçon! Pour montrer l'en-bon-point chronique du héros, on reprend la scène de la chaise que Klump manquera de dégommer. Pour insister sur son gros popotin, il libère une nouvelle fois des gerboises en poussant une manette avec son cul. Et évidemment il y a la scène du sport.
Murphy soulève son Snickers (beau placement de produit par ailleurs, qui plus est deux fois) comme une altère, défonce son trampoline, n'a aucun effet à l'acuponcture et se prend pour Rocky en montant les manches sur la chanson I'm so excited. Pour montrer le déclic, Shadyac monte une humiliation en spectacle par un comique amateur du "ton cul est tellement gros" pas des plus excitantes. La vengeance de Murphy une fois en Buddy Love ne changera pas grand chose, puisque le comique joue cette fois-ci sur la note du "ta mère est tellement grosse". Les figurants forcent tellement leurs rires que cela en devient complètement artificiel et risible. Bon on s'amuse un peu avec ce passage à tabac mérité (je pense notamment à la réplique sur le cheval), mais au bout d'un moment c'est vraiment répétitif. Exemples choisis: "ta mère est tellement grosse que quand elle va au cinéma, il lui faut payer le tarif de groupe", "ta mère est tellement grosse qu'elle a besoin d'une carte-routière pour trouver son trou du cul!", "ta mère est tellement grosse, elle tombe dans le Grand Canyon, elle reste coincée!", "ta mère est tellement grosse qu'elle se fait faire les ongles par un peintre en bâtiment!"... Quand ce n'est pas ça, Murphy nous enseigne le complexe des "beaux culs" devant un James Coburn en mode cacheton.
Clairement, on se demande qu'est-ce que cet acteur de prestige a été faire dans pareil film en dehors du cachet évident. Mais là où le film atteint des sommets d'humour lourd c'est évidemment dans ses gags à base de pets. Ainsi, on nous gratifie d'un repas familial pour le moins foireux entre la grand-mère évoquant que "Mike Douglas c'est le seul qui a réussi à mouiller (sa) culotte", le petit qui a de l'aérophagie, le frère qui drague la professeur qu'a amené Sherman et bien évidemment le paternel pétomane qui vous montre comment vous rinçer le colon (je vous laisse imaginer par quel moyen). Le pire c'est que Murphy semble se satisfaire de jouer des rôles minables qui ne font que péter et sont sans grand intérêt. Même Sherman paraît terriblement inintéressant, tant son utilisation est vulgaire. Il n'y a qu'à voir le passage rêvé où il se retrouve à déhambuler façon Godzilla, au lieu de prendre Jada Pinkett Smith (pas encore marié avec Will mais c'est tout comme; et franchement anecdotique) il s'occupe de la cuisse de poulet qu'elle a à côté et évidemment il pète un bon coup, ce qui renvoie à une sorte de bombe atomique pétaradante. Sans compter que l'ami Murphy se blanchifie en incarnant un gourou blanc toujours entouré de femmes et arborant des propos envoutants comme "je suis beau-mec!" sur Macho men des Village People! Du grand n'importe quoi que même des pets et des vannes de et sur le cul ne changeront pas, mais au moins cela aura inspiré la fausse bande-annonce des Gros lards le reprout réalisée pour le film Tropic Thunder.
Un remake qui se veut drôlatique en étant pétaradant, mais se trouve être un beau pet dans l'eau.
Note: 1/20 (et je suis gentil)
Note naveteuse: 14/20