genre: thriller (interdit aux - 12 ans)
année: 2007
durée: 1h40
l'histoire: Bouleversée par la mort d'une jeune fille qu'elle aidait à accoucher, Anna tente de retrouver la famille du nouveau-né en s'aidant du journal intime de la disparue, écrit en russe. En remontant la piste de l'ouvrage qu'elle tente de faire décrypter, la sage-femme rencontre Semyon. Elle ignore que ce paisible propriétaire du luxueux restaurant Trans-Siberian est en fait un redoutable chef de gang et que le document qu'elle possède va lui attirer de sérieux problèmes...
La critique d'Alice In Oliver:
Deux ans après le succès de A History of Violence, David Cronenberg est de retour avec Les Promesses de l'Ombre, réalisé en 2007. Au niveau de la distribution, ce thriller réunit Naomi Watts, Viggo Mortensen, Vincent Cassel et Armin Mueller-Stahl.
Apparemment, Viggo Mortensen semble être le nouvel acteur fétiche de David Cronenberg, puisque les deux hommes ont déjà collaboré sur A History of Violence. On ne présente plus le réalisateur, surtout connu pour son obsession pour l'horreur, la génétique et son influence sur la psyché humaine.
Toutefois, depuis quelques années, David Cronenberg semble avoir changé son fusil d'épaule et se montre tout de même un peu moins insolent et virulent derrière la caméra. Pourtant, les premières minutes des Promesses de l'Ombre sont tout simplement hallucinantes, puisque l'on assiste à la mort horrible d'une prostituée et à la réanimation d'un nouveau-né.
Indéniablement, cette introduction est destinée à poursuivre le spectateur tout au long du film. C'est une séquence marquante et vraiment traumatisante.
Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS ! À Londres, Anna Khitrova, une sage-femme, récupère le journal intime de Tatiana, une adolescente russe esseulée et décédée lors de son accouchement en urgence le soir de Noël.
Bien qu'Anna soit d'origine russe, elle ne maîtrise pas suffisamment la langue pour lire le journal et demande la contribution de sa famille pour savoir si le nom du père du nouveau-né qui a survécu y serait mentionné.
Grâce à une indication du journal, Anna se rend dans un grand restaurant de la communauté russe où elle fait la connaissance de son directeur, Semyon. Celui-ci lui déclare ne pas connaître Tatiana et propose qu'Anna lui laisse le journal afin qu'il puisse le lui traduire intégralement.
Entre temps, le journal révèle à Anna et à sa famille que Tatiana était mêlée à un trafic de prostituées. L'attitude de Semyon, notamment son intrusion dans sa vie privée, inquiète rapidement Anna et les siens. Bientôt, Anna se sent menacée. Elle va devoir négocier avec Semyon et son clan de mafieux.
Les Promesses de l'Ombre peut s'appuyer sur un scénario solide. Ici, il est bien question de réseaux de prostitution, mais pas seulement. Il est aussi question de famille et surtout de la dynamique du mal qui se cache derrière le visage aimable (en apparence) d'un restaurateur à priori sans histoire.
Pourtant, ce dernier fait partie de ces parrains impitoyables tenant d'une main de fer sa famille et ses affaires. C'est aussi un homme prêt à tout pour parvenir à ses fins et même à assassiner un nouveau-né si nécessaire.
Dans le rôle de cette "ordure angélique", Armin Mueller-Stahl propose une composition étonnante. Toutefois, la réelle surprise se nomme Viggo Mortensen. Certes, dans le rôle du chauffeur de Semyon, Mortensen n'a rien d'un enfant de choeur.
Pourtant, ce dernier va être touché par le combat mené par cette sage-femme, prête à tout pour sauver le bébé d'un destin tragique. Autre dynamique du film: le journal intime de Tatiana, donc la mère décédée du bébé.
Ce journal guide le scénario du film via de nombreuses révélations sur les différents personnages qui gravitent autour de l'ancienne prostituée. L'histoire de cette jeune femme, battue, violée et prostituée, est inscrite sur un livre. Pour les gangsters du film, leur vie est inscrite sur leur corps via de nombreux tatouages symboliques. Encore une fois, on retrouve cette obsession de Cronenberg pour le corps et ce qu'il véhicule comme message.
Bref, David Cronenerg réalise un thriller beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît et qui mérite d'être analysé sur plusieurs niveaux. Toujours est-il que le cinéaste signe à nouveau un film passionnant, qui peut également s'appuyer sur plusieurs séquences réussies (notamment celle se déroulant dans un hammam).
Note: 16/20