25 novembre 2013
En quittant ce superbe écrin dédié au plus célèbre des surréalistes, nous nous disions qu’à elle seule cette visite justifiait le voyage à Bruxelles. En effet, c’est ici sur le Mont des Arts, qu’est réunie la plus importante collection de plus de 200 œuvres parmi les 1000 qu’il produisit au cours de sa carrière.
René Magritte (1898 – 1967) a reçu une formation classique et l’on reste subjugué devant la facture minutieuse de ses toiles. Il commence à pratiquer son art dans la publicité, pour vivre. Il a l’air d’un jeune homme sérieux, bien coiffé, gentil : mais c’est un leurre.
Après sa rencontre avec André Breton et les surréalistes, il va devenir l’un des peintres majeurs de ce mouvement, tout en se séparant d’eux. Sa vie est marquée par un grand amour, Georgette, rencontrée alors qu’elle n’a que 13 ans et épousée en 1922, qui restera son unique modèle. Autre éblouissement, le contact avec Giorgio de Chirico.
Magritte a depuis 2009 sa maison à Bruxelles : sur trois niveaux, une démonstration de la force de sa création, ponctuée de ses sentences et aphorismes dévastateurs, avec pour leit motiv le décalage entre l’objet et sa représentation. Dans les débuts de sa carrière, il déclare ainsi :
« Selon ma doctrine, il est défendu (sous peine d’imbécillité) de rien prévoir. Ce que je ferai dans tous les domaines est imprévisible tout autant que l’apparition d’une réelle image poétique. »
« Le progrès est une idée saugrenue. »
« L’art dit non figuratif n’a pas plus de sens que l’école non enseignante, que la cuisine non alimentaire, etc. »
« Chirico est le premier peintre qui ait pensé à parler d’autre chose que la peinture. », « Le surréalisme, c’est la connaissance immédiate du réel ».
Ensuite, on lit avec étonnement : « …la peinture m’ennuie comme le reste. La peinture malheureusement fait partie de ces activités, elle est englobée dans cette série d’activités qui ne me semblent guère changer rien à la vie, c’est toujours les mêmes habitudes qui reviennent. »
Un peintre qui trouva le succès international, avec ses séries devenues cultes, les motifs de chapeau melon, de pomme et de pipes, l’oiseau à travers lequel on admire le ciel. L’omniprésence de Georgette, des portraits sublimes, des motifs récurrents comme le grelot, l’oiseau aux ailes déployées, la mer ; pour moi, l’extraordinaire talent … pour trouver des titres de toiles qui laissent rêveur autant que le tableau lui-même.
Une dernière notation, qui m’est toute personnelle : les troublantes similitudes entre Magritte et Georges Rémy … ressemblance physique évidente, chapeau melon omniprésent, débuts comme graphiste publicitaire dans les deux cas, avec deux différences toutefois : un parcours amoureux très différent et un positionnement politique opposé : Hergé plutôt carrément à droite, Magritte adhérent au parti communiste.
Ma sélection toute personnelle, de haut en bas et de gauche à droite :
Affaires personnelles
L'Art de la conversation
La bonne foi
La trahison des images
La magie noire
La memoria
Le plaisir
L'empire des lumières
Les compagnons de la peur
une publicité alimentaire de 1919.
Musée Magritte, 3 rue de la Régence – 1 place Royale – 1000 Bruxelles – ouvert tous les jours sauf le lundi entre 10h. et 17h.