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Le socialisme et l’étatisme naissent-ils dans la convoitise ou dans le mépris ?

Publié le 25 novembre 2013 par Copeau @Contrepoints
Analyse

Le socialisme et l’étatisme naissent-ils dans la convoitise ou dans le mépris ?

Publié Par Diagoras L'Athée, le 25 novembre 2013 dans Philosophie

Tous les étatistes ne rêvent pas de détourner à leur profit l’action étatique. D’autres se croient sincères, mais cela cache en fait un mépris profond.

Par Diagoras L’Athée.

vol main armée
Il y a quelques années, lors de son excellente conférence sur les différents courants du libéralisme, Serge Schweitzer disait que le socialisme trouve son origine dans la convoitise du bien d’autrui. Effectivement, quoi de plus confortable que de vivre de la richesse produite par autrui grâce à une armée de soudards républicains qui vont effectuer vos basses besognes d’extorsion pour votre compte ? Les intrigants envieux sont comme des poissons dans l’eau dans un système socialiste ou la propriété est le fait de la loi plutôt que celui du travail. Mais est-ce suffisant pour expliquer une telle popularité du socialisme?

Les riches socialistes existent. Ca ne les rend pas moins jaloux de l’argent des autres même s’ils n’en ont pas autant, certes, mais les socialistes riches et plutôt désintéressés de l’argent des autres existent aussi. Il y a une proportion d’intellos qui sont tout ce qu’il y a de plus sincère dans leur générosité (avec l’argent des autres, certes) envers les « plus démunis ». Les « yaka » ne sont pas toujours des hordes de pillards au sens classique du terme. Il arrive que ce soient des bisounours hargneux, des justiciers du bulletin de vote ou des gens qui se croient pacifiques et qui pensent sincèrement que la fin justifie les moyens. Plus crûment, ils se figurent que leur soutien à l’action étatique est « morale » et que cela justifie la violence d’État et l’extorsion. La foi en un État protecteur et bienfaisant est une réalité d’une grande part de la société française et même européenne. La perception de l’intervention étatique comme un moindre mal au service d’un idéal supérieur n’est pas expliqué par la convoitise.

Si on peut considérer que l’idée que la fin justifie les moyens est une illusion puérile qui pave l’enfer socialiste de bonne intentions, on est obligé de constater que cela est incompatible avec une cupidité bête et méchante. On pourrait également penser que c’est une forme de mauvaise foi, de déni pour se donner bonne conscience, mais j’ai l’impression que c’est plus que cela. Je pense que nous nous trouvons face à une véritable conviction. Et comme le titre l’indique vous vous doutez bien de l’explication qui me vient à l’esprit : Le mépris.

L’un des piliers du libéralisme est l’acceptation de l’ignorance. En ce sens, le libéralisme est très socratique : « Je sais que je ne sais rien ». Ou pour être plus précis : « Je ne sais pas ce qui est le mieux pour autrui. ». L’acceptation des choix personnels des autres, même s’ils semblent absurdes, irrationnels voire dangereux pour eux, est fondamentale pour nous autres libéraux. Or il semble bien que ce soit notre principal point de désaccord avec les étatistes, socialistes, et autres sauveurs du monde qui ont besoin de mon argent. En effet, eux semblent en savoir bien plus que nous.

Pour s’en rendre compte, je conseille l’expérience suivante : Trouvez une personne « de droite », et demandez-lui pourquoi elle pense que l’éducation doit être une prérogative de l’état, soumise a monopole et financement obligatoire. Après les lieux communs sur les pauvres qui peuvent se payer une playstation avec 50 jeux, un écran plat de 45 pouces, un Iphone, une golf GTI tunée mais qui n’ont pas de quoi se payer des études à leurs enfants ;  on arrivera rapidement au : « non mais t’imagines si on laisse faire les gens ? ». Cet argument arrive d’habitude quand vous parlez du chèque éducation et que vous faites remarquer que les parents pourraient ainsi, sans problématique de moyens financiers, s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants tout en choisissant ce qui semble leur convenir le mieux. Cette phrase fatidique peut aussi tomber quand vous faites remarquer qu’un seul système pour des millions d’élèves et de parents tous différents est une absurdité, et que laisser chacun décider ne semble pas plus être une idée si farfelue que ça en comparaison.

« T’imagines si on laisse faire les gens ? »

Ben… Je suis en effet forcé d’admettre que j’imagine puisque dans les faits on ne les laisse pas faire. Ne peuvent-ils pas avoir au moins le bénéfice du doute ? Pourquoi pense t’on que ces individus, légalement aptes à voter pour des personnalités politiques aux pouvoirs gigantesques qui tranchent toutes ces questions, ne sont pas capables de prendre ces décisions pour leur propre personne ?  La vérité est pourtant évidente : les étatistes méprisent les pauvres qu’ils prétendent défendre. L’aide apportée sert d’ailleurs à renforcer ce mépris à coup de « Sans nous ils seraient analphabètes et crèveraient de faim ». Mais à quel besoin impérieux répond cette rage d’aider autrui si ce n’est celui de l’écraser de sa générosité (avec le fric des autres) et le mettre sous la coupe de sa dépendance ?

Les gauchistes et autres étatistes sont rarement les John Galt de notre société. Ce sont rarement ceux qui par leur travail leur génie ou leur intuition, améliorent le sort de l’humanité tout en œuvrant pour leur égoïsme parce qu’ils espèrent pouvoir échanger cette richesse à bon prix. Ces étatistes ne sont pas ceux qui peuvent regarder le monde en se disant qu’ils en ont fait un endroit plus beau, plus confortable, plus gai ou plus accueillant. Ils ne sont que rarement les éléments indispensables à l’amélioration des conditions de vie humaines. Il ne leur reste qu’un moyen pour satisfaire leur égo : S’imaginer que sans leur « conscience politique » les individus seraient incapables d’échanger pacifiquement et équitablement. Postuler qu’autrui est un idiot ou un salaud permet de se penser au dessus du lot. Supposer l’incapacité des uns, et la méchanceté des autres permet de se positionner en surhomme sans le moindre effort intellectuel.

On peut donc dire que Serge Schweitzer avait raison. Il s’agit bel et bien de convoitise uniquement. Mais les socialisto-étatistes ne jalousent pas que vos biens. Ils jalousent aussi la satisfaction que vous pouvez retirer de bien faire votre travail. Ils veulent aussi ce petit bonus qui fait que votre égoïsme  n’est pas incompatible avec la satisfaction des besoins d’autrui : Le sourire d’un client satisfait, la gratitude de ceux à qui vous avez rendu service, moyennant finance certes mais qui sont contents de leur achat. Ces petites choses qui rendent heureux épanoui, ils veulent vous les prendre aussi. Cette légitime agréable impression de rendre l’existence un tout petit peu plus agréable, quand on est juste un envieux, on ne peut l’acquérir qu’en volant aux riches pour donner aux pauvres, voir pire, en créant « discrètement »des problèmes qu’on est les seuls à pouvoir résoudre.

J’ai longtemps cru qu’un orgueil mal placé engendrant du mépris était l’autre véritable raison du socialisme et de l’étatisme. Mais je me trompais. C’est en fait la convoitise, et le fait que celle-ci ne se limite pas à une convoitise matérielle. Il s’agit aussi de voler la satisfaction spirituelle et sociale de ceux qui se savent bouger les miches.

Je pensais pouvoir dépasser l’argumentation de Serge Schweitzer qui me semblait simpliste, et je me rends compte plus que jamais que mon anar cap contemporain favori avait une fois de plus une longueur d’avance. Damn it !

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