Où vont nos souvenirs lorsque nous rejetons notre mémoire ? Cette vieille femme, réduite à une vie de misère, de chiffonniers, qu’elle partage avec son petit-fils, d’où vient-elle ? Qu’a-t-elle vécu qu’elle ne veut plus évoquer ? Oh, bien sûr, il y a quelque part une boîte, une vieille boîte pleine d’objets hétéroclites qui éveille en elle des soupirs et des « hélas ». Mais la vie est passée : aujourd’hui elle n’a pour seule ressource que les objets trouvés au fond des poches de vêtements récupérés dans des poubelles, un tas informe dans lequel plonger et plonger les mains. Et pour chaque objet vendu, ce sera de quoi acheter le repas du jour, l’éternité d’un carré de chocolat à croquer lentement. Nous ne saurons pas quel accident les a tous les deux amenés là : la légèreté du texte et du jeu, la musique des chants qui viennent du mur ont cette pudeur. Et selon qu’on a 6 ou 60 ans, on sera attentif à la renaissance des couleurs et du plaisir, ou à ce qui manque, à ce parcours de vie qui a peut-être obligé à fuir un pays, à y laisser les siens… L’enfant, qui cherche un air oublié, qui voit au cœur du tas de chiffons des tissus colorés d’un ancien temps, un instrument de musique incomplet, saura en faire un présent.
J'ai vu ce spectacle à la Comédie Nation, à Paris.
La première phrase de cet article est construite selon la contrainte du collier.