La France entière a pu bénéficier cette semaine d’une leçon de schizophrénie. Mardi soir, en l’espace de deux heures ou presque, nos concitoyens sont majoritairement passés d’un état de défaitisme avéré (on va perdre, ils sont nuls, faut tous les remplacer, etc.) à un état d’euphorie quasiment inexplicable (on est les meilleurs, on est au Brésil, c’est dans ces situations que les bleus savent s’en sortir, etc.). Au-delà de la simple réalité – l’équipe de France s’est difficilement débarrassée d’une équipe d’Ukraine assez faible – je me suis posé une question aujourd’hui certes anecdotique, mais qui pourrait prendre un sens différent d’ici quelques années.
Cette question, la voici: si nous sommes aussi prompts à changer d’avis sur un sujet aussi futile que celui de la qualification de l’équipe de France de football (0,5% de PIB paraît-il, cependant), en serait-il de même d’ici quelques années, dans le cas où Marine Le Pen accéderait au pouvoir? La France entière pourrait-elle changer d’avis en une soirée? Autrement dit, ceux qui condamnent les propos du Front National et de l’extrême droite garderont-ils leurs distances en cas de victoire de la leader frontiste?
La question est posée. Remercions Karim Benzema et ses coéquipiers de nous avoir montré, l’espace d’une soirée, qu’une nation entière peut basculer de l’indignation générale à un encensement unanime. Maréchal, nous (re)voilà?