Dr Jerry et Mister Love

Publié le 24 novembre 2013 par Olivier Walmacq

Un professeur de science maladroit et quelconque fabrique une potion de le rendra fin séducteur et beau...

La critique foldingue de Borat

Jerry Lewis est probablement le comique américain préféré des européens. Alors qu'il faisait un carton aux USA avec Dean Martin, son cinéma n'a pas plu des masses une fois là-haut alors que l'Europe s'en amusait constamment. C'est un fait, mais ironiquement ses films ont bien du mal à se trouver par chez nous. Les rares que j'ai vu de lui viennent du câble (fort d'un cycle sur TCM) soit de la bibliothèque (ce qui convient de dire deux films). J'ai un vieux souvenir d'un des films de l'acteur (il me semble que cela se passait dans une fête foraine) qui passait sur une chaîne du câble et j'en ai gardé un souvenir jubilatoire. C'est donc avec intérêt que j'ai pris Dr Jerry et Mister Love à la bibliothèque. D'autant que une à deux semaines après, j'ai revu ses remakes (un peu trop) pétaradants avec Eddie Murphy, mais on y reviendra. Jerry Lewis s'inspire du roman de Robert Louis Stevenson et compte bien opter pour une comédie-romantique. Le docteur Julius Kelp est très intelligent mais a un physique ingrat. Sa première apparition ne tarde pas à finir en explosion où on le retrouve encastrer dans le mur derrière lui. 

Il est amoureux d'une de ses élèves, mais n'arrive jamais à l'inviter ni à faire quoi que ce soit. Une vraie catastrophe de timide! Dans un premier temps, il se dit qu'il va se mettre au sport histoire de devenir aussi bien taillé que les footballeurs américains qu'il essaye d'intéresser à la science (peine perdue...). Lewis donne lieu à des séquences délirantes où le réalisateur s'adonne à une imagerie de cartoon jubilatoire. Suite à un foireux soulèvement d'altères, le voilà avec des bras dignes de Mr Fantastic et le comique n'hésite pas à exploiter le filon en le montrant sous la couette se gratter le pied sur la longueur! Ou comment l'expression "avoir le bras long" prend tout son sens. Pareil pour cette séquence où des musclés vont servir de quilles à un Jerry miope et jouant au bowling. Strike garanti! Suite à des efforts non-utiles, le voilà en train de faire une potion magique qui le rendrait beau comme un coeur. Arrive alors Buddy Love, dandy qui cause beaucoup, fume, fait du piano, danse, chante et se trimballe un costard absolument classieux. Une manière comme une autre pour Lewis de se moquer de son ancien accolyte Dean Martin en jouant les tombeurs (ce que ne faisait jamais Lewis dans ses films bien au contraire).

La transformation s'avère typique des grands films fantastiques (on pense principalement aux films de loup-garou) et les parodie en utilisant une multitude de tubes à essai aux contenus fluos, donnant lieu à un beau déluge de couleur. Car si Lewis utilise l'histoire de Stevenson à des fins comiques, il n'en oublie jamais de garder son récit et notamment d'aborder le dédoublement de personnalité. Le meilleur étant quand l'une des personnalités commence à envahir l'autre, notamment quand Buddy Love commence à avoir la voix guillerette de Julius. (attention légers spoilers) Sans compter le final où Love voit revenir les travers de Julius avec son lot de boutons et surtout les dents qui surgissent. (fin des légers spoilers*) Lewis n'oublie donc jamais de montrer l'aspect apprenti-sorcier, ce que n'a jamais fait son remake réalisé par Tom Shadyac, qui oublie d'ailleurs cette thématique au profit des pets d'Eddy Murphy. Sinistre pour Lewis d'avoir un hommage aussi pourri pour son film le plus connu de sa carrière. Jerry Lewis est absolument génialissime, jouant de son corps comme souvent, ici massivement dans le rôle de Julius Kelp. Le type de mec qui accumule les conneries en une séquence (voir également son passage chez le proviseur où ça couine sévère) et ça j'achète!

Une comédie désopilante qui parodie à merveille la nouvelle de Robert Louis Stevenson. 

Note: 18/20

* Oui je sais, on peut prendre cet encadré pour une vanne...