Ce matin, le soleil est revenu pour éclairer les tours de San Gimignano.
J'en suis bien content. Non seulement parce que cela nous permet de découvrir sous une autre lumière ces si belles tours et cet ensemble architectural unique, mais aussi car je sais que les 50 kilomètres de mon étape du jour en seront facilités. En plus, je ne serai vraiment pas seul aujourd'hui et la journée va passer très vite. En effet, en plus de mes soutiens Stefano et Sergio, Nicolas, qui a déjà fait une grosse demi étape avec moi samedi dernier, est revenu pour partager encore ce beau bout de chemin avec moi.
Nous parcourons à nouveau le centre historique de ce joyau. Tout semble y être resté comme au temps de Paolo Ucello.
Après ces instants de contemplation, nous retrouvons une belle campagne Toscane, qui semble être restée la même que celle peinte par les maîtres anciens. J'ai vraiment l'impression de courir dans un tableau.
Le déluge d'hier a laissé des traces et détrempé les sols. Nous glissons parfois. Les cours d'eau sont bien gonflés: au premier gué, nous nous mouillons jusqu'aux mollets, dans le second, presque jusqu'aux genoux. Mais cela passe sans gros soucis. Stefano nous ouvre la route.
Avec Nicolas, nous discutons agréablement. Il évoque ses précédentes expériences " d'expatrié ". L'Espagne lui a laissé un mauvais souvenir. Les USA, il a préféré. Mais la réalité de la vie américaine peut être cruelle. Une de ses collègues a ainsi vu mourir sa mère en quelques mois d'un cancer : le traitement aurait endetté toute la famille dans ce pays où la sécurité sociale n'existe pas et où les soins médicaux sont très chers. Décidément, les français ne sont pas conscients de leur chance et devraient se plaindre un peu moins. En Italie, où il travaille et vit depuis sept ans, Nicolas se sent très bien. Je le comprends. Difficile de mal se sentir dans ce beau pays où l'accueil, la nourriture, la qualité de vie me semblent excellents.
La matinée, émaillée d'une rencontre avec un serpentin bien long (c'est même un serpent), passe ainsi très vite. Monteregioni, où nous avons prévu de déjeuner, se rapproche à grands pas. Une dernière belle bosse nous mène aux portes de ce village fortifié qui semble conservé comme au premier jour.
Le repas que nous y prenons à l'Osteria est délicieux et permet à Nicolas de varier des restaurants de hamburgers qu'il a visité ces derniers jours, il travaille dans la viande et la restauration.
Après avoir salué mon ami Nicolas, je repars dans la belle campagne en compagnie de Sergio, qui me suit en vélo cet après midi. Je suis encore étonné de ma nouvelle capacité à courir. Les 20 derniers kilomètres du jour, je les parcours, malgré de bonnes côtes, en 2h20.
Sienne approche donc très vite. Une grosse montée nous y accueille à l'entrée de la ville. Je redescends ensuite vers la vieille ville.
Le mur d'enceintes est franchi, je foule les magnifiques rues couleur ocre, terre de Sienne bien entendu. Un peu plus loin, je rompt ma course pour reprendre un pas de flâneur, parce que c'est si beau, que la foule du vendredi soir est dense et que nous sommes tout près de la place del Campo.
Une belle, si belle arrivée avec Sergio sur la place en forme de coquille Saint Jacques. La première pluie de la soirée nous y accueille mais je suis heureux d'être parvenu là et de profiter de cette belle cité.
Dans une semaine, si tout va bien, une autre place, et une autre belle cité accueilleront mes dernières foulées. Rome approche même si il me reste un bon bout de chemin pour parvenir au terme de cette Via Francigena si riche. Mais ce soir, dans cette si belle ville toscane, j'ai l'impression de m'en être bien rapproche.