Ce soir on joue les Boks. La fièvre du samedi soir a violemment repris dans les rédactions du Midole et de l’Equipe. C’est la deuxième rechute en trois semaines, les organismes sont mis à rude épreuve. Philippe Saint-André s’est laissé contaminer et il « pense pouvoir rivaliser contre l’Afrique du Sud ». La situation est grave. Comment en est-on arrivé est là ? Si vous ne le savez pas, c’est que vous aviez mieux à faire de votre samedi soir que rester le cul dans le canapé pour siroter une bière ou huit devant la télé. Honte à vous, quittez immédiatement ce site web, vous n’avez rien à faire ici. Pour ceux d’entre nos lecteurs qui ont une bonne excuse pour avoir raté les deux premiers épisodes de la trilogie d’automne, comme une allergie aux blagues pourries de Matthieu Lartot et aux commentaires racistes de Fabien Galthié, voici un petit résumé.
Par Peyo Greenslip Jr
On a d’abord joué les Blacks. On a essayé d’oublier qu’on était moins forts, moins rapides, moins technique à tous les postes. On a livré un combat courageux et on a mis un essai. On a fini deuxièmes juste derrière les vainqueurs, ce qui n’est pas si mal, et on est rétrospectivement content parce que les Anglais n’ont pas fait mieux la semaine d’après.
Ensuite on a joué les Tonga. C’est ça la tournée de novembre, on met toujours un match-guignolade au milieu de deux matchs sérieux, une rencontre contre un adversaire largement plus faible où on a le choix entre gagner sans gloire et perdre honteusement. Ca ne sert pas seulement à refroidir les têtes et à nous assurer un minimum de 33% de victoires à la fin de la Tournée. Ca sert aussi à se débarrasser définitivement de Fulgence Ouedraogo en l’envoyant au carton face à des joueurs de 140 kg complètement barjots. On pourrait vous faire un résumé minutieux de ce match où l’équipe de France a prouvé qu’elle était incapable de faire autre chose que des mêlées de profiter d’un surnombre si celui-ci n’est pas au moins un 4 contre 1, mais personne n’a envie de ça. On va plutôt vous parler de ce qui a fait que ce match restera dans l’Histoire du Rugby.
C’était la 27ème minute. Matthieu Bastareaud, entré en jeu quelques instants plus tôt, avait décidé de se mettre en évidence. Servi par son ouvreur, il décide de jouer au pied. Les raisons de ce coup de folie sont pour l’instant inconnues. Le stade a retenu son souffle en le voyant armer péniblement sa jambe obèse : seulement conçue pour résister à une pression de 2,5 tonnes, le ballon pouvait-il résister à pareil impact ? La réponse fut oui. En revanche, lorsque la gonfle est partie directement dans les tribunes à l’opposé de l’endroit du terrain que visait Matthieu, les spectateurs n’ont pas résisté à la crise de rire la plus intense que le rugby ait connu.
Ce soir, on joue les Boks et la tournée se termine en Botha. Les Sud-Africains, c’est les All Blacks en un peu moins doués et les Tonguiens en un peu plus méchants. C’est un pack de 920 kg assoiffé de sang. Ils vont essayer nous battre dans l’agressivité et c’est ça notre seule chance. L’équipe de France peut être surpassée en talent, en vitesse d’exécution, en intelligence de jeu, mais sûrement pas en bêtise et en méchanceté, surtout lorsqu’elle joue à domicile. Yoann Maestri aura à cœur d’oublier son gros chagrin de la semaine dernière, lorsqu’on l’a sorti du terrain sans le laisser terminer le câlin qu’il avait commencé avec le pilier d’en face. Il compte bien se rattraper ce soir. Ca tombe bien, il a rencart avec un certain Bakkies B., 33 ans, qui l’attend pour le consoler dans ses grands bras. Mtawarira bien qui rira le dernier.
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