La ravissante créature reprend néanmoins vie après quelques secondes d’immobilité, en s’éventant de la main et en torsadant ses cheveux dorés pour les remonter sur la nuque. Elle tend la main vers le bout de plastique que je triturais plus tôt et demande d’une voix onctueuse :
- Je peux te la prendre ?
- Gloupbenvivivokaydac… je veux dire oui, vas-y, j’en ai pas besoin.
- Merci.
Elle attrape la touillette d’une main délicate, la suce sur toute la longueur pour en retirer l’alcool, s’assurant au passage que je n’en rate pas une miette.
Maman, ô s’cour, y a une dame qui me viole avec ses yeux !
Enfin, elle plante la pique dans ses cheveux pour retenir les mèches du chignon qu’elle vient d’improviser. Je suis une statue de sel, cuite à point pour un aller simple dans un musée. Mais cette petite sorcière ne s’arrête pas à ce forfait. Elle pose une main sur mon épaule pour garder l’équilibre alors qu’elle grimpe, entre la rampe repose-pieds en zinc et les barreaux du tabouret contre lequel je suis appuyé, pour se porter à ma hauteur. Maintenant, je suis liquide et prêt à lui faire sa fête en public. On prend combien pour attentat à la pudeur déjà ?
- Tu sens bon, chuchote-t-elle en approchant doucement son visage de ma gorge. Je peux goûter ?
- Gloupbenvivivokaydac… fais-toi plaisir ma jolie !
Mais qu’est-ce qui se passe, je suis dans un monde parallèle où tous mes fantasmes se réalisent ? Cà ne l’empêche pas de me faire LE truc qui n’arrive que dans l’intro des films qui meublent mes nuits de solitude. Son petit nez me hume profondément. Elle gronde de satisfaction (enfin, j’espère), darde sa langue entre ses lèvres indécentes et la fait courir jusqu’au bas de ma mâchoire. Je crois que celle de Markus vient d’exploser à force d’être contractée, et celles de mon équipe gisent à hauteur de leurs chaussures.
Il est 1h24 du matin et je suis amoureux.
Alix et Franck - Vivant de Juliette Di Cen
(extrait publié avec l'aimable autorisation de l'auteure)
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