{Gilles}
Un tueur masqué rode dans la petite bourgade De B Movie Hell, dessoudant à tour de bras tous ceux qui ont le malheur de se trouver en travers de son chemin. Jack Munson et Milena Fonseca, deux agents spéciaux du FBI, sont vite dépêchés sur place pour retrouver la trace du maniaque.
Mais B Movie Hell n’est pas une ville comme les autres, comme son curieux nom l’indique. Dirigée d’une main de fer par un caïd aux méthodes violentes, la communauté accepte mal l’intrusion du FBI, entendant régler elle-même son compte au tueur…
Il n’a toujours pas révélé sa véritable identité (le fera-t-il un jour ?) mais continue de livrer à intervalles réguliers de nouveaux bouquins. Appelé Le Bourbon Kid par ses fans, en référence au héros de ses quatre premiers livres (Le Livre sans nom, L’œil de la lune, Le Cimetière du diable et le Livre de la mort), l’auteur en a pourtant fini avec ce personnage. Aujourd’hui, ce n’est plus du côté des vampires, loups-garous et autres chanteurs trépassés qu’il revient en librairie, mais avec un Psycho Killer directement inspiré des grands films du genre. Cinéphile acharné, le Bourbon Kid aime ainsi à truffer (parfois jusqu’à l’overdose) ses récits de références au cinéma. Ce coup-ci, vu le sujet, ce sont de purs trips d’épouvante comme Halloween ou Massacre à la Tronçonneuse qui passent à la moulinette mais pas que. Dirty Dancing est aussi largement évoqué, comme Last Action Hero ou encore Coyote Girls. Le gus ratisse large dans le but de donner à son cocktail une saveur aussi personnelle qu’épicée. Un peu à la façon d’un Tarantino en somme. Un réalisateur d’ailleurs soupçonné d’être le Bourbon Kid tant les livres rappellent de par leur construction des films comme Boulevard de la Mort ou Pulp Fiction.
Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître à l’auteur un style certes simpliste mais aussi et surtout furieusement efficace. Pour son nouveau livre, comme pour les précédents, il rentre dans le vif du sujet très rapidement. La construction est la même : les personnages centraux sont présentés dans des chapitres bien distincts avant que tous se rejoignent pour le bouquet final, aussi violent que gore et décomplexé.
Les lecteurs qui ont déjà goûté à la plume du Bourbon Kid ne seront pas dépaysés et risquent du coup de déplorer un certain manque d’audace. L’histoire, même si elle ne reprend aucun des personnages de la quadrilogie du Bourbon Kid, y fait quand même référence indirectement, ce qui a pour conséquence de lui conférer un caractère prévisible assez gênant.
Reste un style brutal et un goût pour la provocation et le second degré toujours délectable. Même si au fond on s’imagine bien ce que les pages vont nous réserver, on continue à lire sans arriver à lâcher bien longtemps le livre. Rempli à la ras la gueule de sexe, de sang et d’humour référentiel, Psycho Killer est parfois anecdotique et plutôt court, mais a au moins le mérite de captiver tout du long.
En épurant au maximum son style, l’auteur a tenu à livrer un pur condensé qui pourquoi pas, peut se dévorer d’une traite, lors de ces longues soirées d’hiver où on s’ennuie facilement. C’est mordant, comique et les cinéphiles seront à la fête. Souvent invraisemblable mais parcouru de personnages haut en couleurs et forcement très cinématographique dans sa construction, Psycho Killer n’est pas un grand livre mais il fait le job avec fougue. On lui préféra la quadrilogie du Bourbon Kid, vous l’aurez compris mais là n’est pas le propos. On espère juste que pour son prochain délit, le fameux Anonyme saura sortir un peu de ses clichés et proposer quelque chose d’un peu plus consistant, sans pour autant mettre au rencard le côté sauvage et insolent de sa plume assez unique dans le paysage littéraire actuel.
Aux édition Sonatine – 20€
@ Gilles