"Aux quatre coins de Paris façon puzzle…" : c'est le sort, inspiré des Tontons
Flingueurs, que l'Espagnol Rafaël Nadal semble réserver à tous ses adversaires dans ces Internationaux de France de tennis. Dispersés comme un nuage de terre battue un jour
grand vent, relégués aux oubliettes de Roland-Garros, hachés menus… : Lleyton Hewitt et Carlos Moya, pour ne citer que ses deux dernières victimes, ont eu beau faire de leur mieux, c'était bien
loin d'être assez pour ne pas subir la loi implacable du bûcheron de Majorque.
Alors bien sûr, l'art de Rafaël Nadal ne se résume pas à ses furieuses ruades de taureau sauvage. Cet Apache-là a aussi un joli
toucher de balle et de l'inspiration au filet. Mais sa force reste avant tout de concasser méthodiquement ses opposants, de les broyer tant physiquement que moralement. Il est à ce titre
l'incarnation d'un tennis total, où la technique reste certes fondamentale, mais où seule la puissance lui confère une réelle efficacité. La combinaison des deux permet à Nadal de régner sans
partage en fond de court. Face à Hewitt, pourtant connu pour trouver des angles d'une précision redoutable, il prit même un malin plaisir à dominer son adversaire sur son propre terrain, trouvant
en coup droit des trajectoires de balle dont l'effet semblait parfois se jouer de la géométrie.
L'infériorité physique de l'Australien, pourtant ancien numéro 1 mondial, avait quelque chose de pathétique dans ces moments-là.
De vaguement inquiétant aussi, car Nadal donne toujours l'impression de pouvoir passer en force, même dans un set où son adversaire le contraint à aller au tie break. Dans une partie de
bras de fer, mieux vaut ne pas négliger ce biceps gauche proéminent, qui lui donne des allures de crabe violoniste, ces étranges crustacés dont l'une des pinces hypertrophiée rend l'autre presque
ridicule.
De ce bras gauche aux muscles saillants, Nadal a même jusqu'à présent réussi à repousser les plus vilains bruits courant sur son
compte. Des rumeurs parfois, comme celle de ce contrôle antidopage positif enterré à Dubaï en 2006, mais des questions, souvent. Dans le paysage sportif actuel, il faudrait être
bien ingénu pour ne pas s'en poser sur un garçon dont le physique étonnant est le principal atout pour affirmer sa suprématie sur terre battue. Mais c'est vrai que Nadal est Espagnol et que dans
la péninsule, c'est bien connu, seuls les cyclistes se dopent ! La liste de champions clients du docteur Fuentes, virtuose de la transfusion sanguine par qui le scandale Puerto est arrivé,
semblait pourtant au départ ne pas s'arrêter aux seuls noms des "forçats de la route". Il y aurait été aussi question de crampons et de tamis. La justice locale n'ayant déjà guère fait de zèle
pour mettre un coup de pied dans la fourmilère cycliste, il serait bien illusoire de croire qu'à l'avenir on puisse avoir là aussi le fin mot de l'histoire. C'est bien dommage, ne serait-ce que
pour évacuer définitivement le doute. Quitte à faire exploser au passage les beaux rêves des amateurs de tennis aux quatre coins du circuit, façon puzzle là aussi…