Arrive un vagabond de Robert Goolrick en poche !

Par Theoma

« L'enfance est l'endroit le plus dangereux qui soit. Personne n'en sort indemne. »

Il arrive au village. On l’inspecte. On se méfie. Il fait ses preuves. Il devient le préféré. On assiste, impuissant, à la tragédie menaçante.

Première rencontre avec l’auteur, ce ne sera pas la dernière. L’écriture est subtile, ciselée, lyrique. Aucun mot n’est de trop, ils nous ferrent, nous happent jusqu’à la dernière page. On le sait. Quelque chose va arriver. Évidemment, la fin va être laide mais on espère le miracle. Ce mélange d'émotion que chaque lecteur attend.

Le talent de Robert Goolrick est de viser juste, l'air de rien, par petites touches douces-amères. Ce qui ne devrait pas être, le jeu des apparences, l'impossibilité de résister à la tentation, le goût insupportable de l'inévitable, la vision d'un enfant face aux secrets des adultes. Les mots sont habités par la liberté, la plume est teintée de mélancolie.

Cruel, injuste, vibrant ! Le prix ELLE 2013.

Pocket, 345 pages, 2013, traduit de l'anglais par Marie de Prémonville

Extrait

« Tout souvenir est une fiction, gardez bien ça à l'esprit. Bien sûr, il y a des événements dont on est certain qu'ils ont eu lieu, sur lesquels on peut sans hésiter mettre une date et une heure, à la minute près, mais si on y réfléchit, cela concerne surtout ce qui arrive aux autres.

Ce que je m'apprête à vous raconter s'est bel et bien produit - et, à peu de chose près, de la manière dont je vais le décrire. C'est une histoire vraie, du moins a-t-elle la vérité que lui ont laissée soixante années passées à se la remémorer et à la répéter. Le temps modifie nos perceptions, et parfois la confusion s'en mêle. On pourra se rappeler un détail avec une précision implacable - le temps qu'il faisait, ou bien le reflet que le soleil glissant entre les pins noirs faisait miroiter à la surface ondoyante de la rivière, des broutilles même pas reliés à un événement en particulier - alors que d'autres faits, parfois majeurs, nous reviendront de manière complètement décousue, sans forme visuelle ou sonore. Les détails ont finalement plus de réalité que certains événements importants. »

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(J'annonce les sorties poches des livres que j'ai aimé, celui-ci a déjà été chroniqué ici)