Ceci n’est pas un article de revendication, contre le racisme mais juste une réflexion qui s’adresse aux français originaires d’ailleurs…
Cela m’arrive tellement souvent que je n’y prête plus attention mais là, j’ai eu envie de m’attarder dessus parce que cela reflète un certain état d’esprit.
Je suis française, née dans un département français d’outremer ; je suis une personne de couleur ! Quand on m’apostrophe en créole même pour sympathiser, je réponds en français. Pas pour snober, mais juste parce que chez moi, le créole est la langue de « l’engueulade ». Je ne suis pas une « soeur » sauf avec mes frères, ma famille proche, et éventuellement le vigile du supermarché qui me salue ainsi parce que j’ai soigné sa femme, ni la sister de qui que ce soit. Quand je ne connais pas quelqu’un, je le vouvoie sauf les enfants que je soigne, juste pour les mettre en confiance.
La semaine dernière, je suis allée voir l’expo Virgule consacrée au créateur Roger Vivier…
Je mourrais d’envie aussi d’essayer le nouveau restaurant du Palais de Tokyo Monsieur Bleu, dont le tout-paris parle depuis le printemps dernier. Donc à la fin de ma visite, je me dirige vers l’escalier qui y mène et je me fais assez méchamment apostropher par un vigile. Quand je lui explique que je veux juste aller au restaurant pour déjeuner (il était presque 14h), il me regarde de la tête aux pieds d’un air surpris, voire choqué et me rétorque que si je n’ai pas une réservation, ce n’est pas la peine. Je lui réponds que je vais tenter ma chance. Idem à la porte du resto, un autre vigile me dévisage d’un air surpris. Ok j’étais une femme, seule, noire, qui osait… A l’accueil, on se désole de ne pas avoir de table libre (alors que le tiers de la salle est vide) et on me propose une place au comptoir (pas comme chez les Frères Costes où on met les moches au fond). Pas de problème je m’installe. 3 serveurs me dévisagent sans sourire alors que tout le reste du personnel est franchement charmant. Je déguste le meilleur risotto à la truffe noire de ma vie et une délicieuse pavlova aux fruits rouges. On est aux petits soins pour moi, comme pour tous les autres clients. 2 dames d’un certain âge très 16è sont aussi installées au comptoir pour prendre thé et pâtisseries… En sortant une heure un quart plus tard, je fais un grand sourire au portier et un autre au vigile de l’escalier qui me regarde d’un air surpris.
Hier avec ma copine Nadia, nous étions invitées à la présentation presse Ikéa dans le Marais. Un grand vigile fait entrer 3 personnes, nous regarde méchamment et se met devant la porte pour nous barrer l’entrée. Je lui fais un grand sourire et je lui dis que nous sommes des blogueuses invitées. Surpris, il nous ouvre… A la sortie, nous nous permettons même de signaler au jeune homme de l’accueil sorti fumer sa cigarette que ce serait sympa de lui offrir un café par un froid pareil (et vu toute la bouffe qui circule à l’intérieur). Penaud, il nous remercie.
Voilà, c’est tout.
Régulièrement, je dois affronter des gens, « mes frères », qui me traitent mal ou pas comme les autres parce qu’ils pensent que je ne suis pas à ma place. Pourquoi les beaux endroits ne seraient réservés qu’à certaines personnes avec la bonne couleur ou la bonne nationalité ? Je suis propre, polie, j’ai de l’argent pour payer ou une invitation en bonne et due forme. Partant de là, j’ai la loi pour moi, c’est tout !
Je me souviendrais toujours d’un serveur au Relais Plaza, un des restaurants du Plaza Athénée. S’il a été surpris de nous voir Nadia et moi, il n’en a rien montré et bien au contraire, il a tout fait pour que ce déjeuner soit agréable, même inoubliable. Et il nous a avoué qu’il aimerait bien avoir des clientes comme nous plus souvent.
Je crois à la fierté d’être qui on est. Je ne crois pas ou plus à la revendication d’une place, ni aux quotas.
Quand on est français originaire d’ailleurs, on est français avant tout : c’est bien ce qu’on demande aux sportifs qui nous représentent. Et bien, çà doit être pareil tous les jours !!! La France est multicolore, il ne doit pas y avoir de ségrégation et encore moins de complexe d’infériorité chez certains. Nous ne sommes pas là que pour servir ou garder. Nous devons marcher la tête haute (sans capuche), sourire à la vie et aux autres, avoir sa carte d’identité en poche et 2€ pour se payer un café ou un ticket de métro. Si tu as 10€, tu peux te payer un chocolat viennois chez Ladurée. Si tu as 20€ tu peux prendre un café et une pâtisserie dans un palace. Pour 25-30€, tu peux déjeuner dans un resto à la mode et même croiser des stars qui te font rêver. Il n’y pas que Hippopotamus dans la vie.
Mon fils, à 16 ans, a déjà été contrôlé une dizaine de fois par la police en 3 ans ; moi jamais. Il y a des réalités qui ont la vie dure…
Aujourd’hui, je me réjouis ! On peut ne pas être d’accord avec le bord politique de Christiane Taubira, on peut être contre les lois qu’elle a fait voter mais on ne lui enlèvera pas qu’elle est une femme, ministre de la France, qu’elle a accompli des choses dont on se souviendra. Comme Aimé Césaire ou Gaston Monnerville, on se souviendra de sa fonction, de ses écrits, de ses discours et éventuellement ensuite, on dira qu’elle est noire… On l’attaque sur sa couleur, comme on a attaqué Ségolène Royal sur sa prétendue incompétence pour justifier le fait de voter contre elle.
A mon petit niveau, c’est ce que j’essaie d’inculquer à mes enfants, et je crois sincèrement que c’est en étant fort et exemplaire qu’on vaincra le racisme. Et un petit cocorico pour la Guyane, la terre de mon mari !
Cet article Etre à sa place… a ete ecrit sur Le journal d'une mère... débordée !.