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Trail World Tour, Via Francigena, étape 38, la Toscane comme en Irlande. ..

Publié le 22 novembre 2013 par Sylvainbazin

Cette nuit je dors au monastère de l'eglise Saint Augustin de San Gimignano. Un lieu magique, hors du temps, ecrin dans l'ecrin qu'est cette vieille ville a l'unite architecturale parfaite.
Ma cellule, ou plutot ma chambre, y est parfaitement confortable et l'ensemble du logement presente un amenagement moderne. Mais cela fait tout de même quelque chose de traverser un cloitre splendide pour se rendre vers son lit.
Cela dit, pour arriver dans les murs de San Gimigniano, ma journee n'a pas ete sans fatigue, sans froid ni sans douleurs. Le parcours traversait certes un tres enchanteur paysage typiquement toscan a travers les collines, mais la meteo avait decide de transformer cette agreable balade en marche forcee.
Pourtant, quand je suis reparti ce matin pour gagner depuis la ville basse le centre ancien et perche de San Mignato, il ne faisait pas encore si mauvais.

Un pale soleil rechauffait même un peu le sentier, ou mes jambes encore engourdies tentaient de se remettre en marche. Mon tendon d'achille gauche semblait un peu calme mais un petit tendon, lateral, me fait bien mal du cote droit... Je pense de toutes facons avoir a gérer ces douleurs jusqu a Rome.
Une montee plus loin et je suis dans le centre historique, splendide comme il se doit. Sergio et STefano m y attendent et nous faisons quelques pas ensemble. Un peu plus loin, Stefano prend son velo pour partager un bon bout de chemin avec moi.
Nous parcourons une belle campagne Toscane,  comme sur une carte postale ou en arrière plan des tableaux de maîtres.  Les pins alternent avec les cyprès pour une belle harmonie horizontal et vertical, les vignes avec les oliviers. Une végétation de doux climat mais aujourd'hui c'est l'Irlande qui s'est installée en Toscane.
Nous pouvons admirer un bel arc en ciel qui brille dans la colline, mais il n'annonce pas le beau temps. Un peu plus tard, une pluie fine commence à tomber. Mais c'est ensuite un vent violent qui rapporte une trombe d'eau froide qui s'abat sur nous. Plus question de penser à mes douleurs, à cette fatigue qui fait que parfois j'ai un peu l'impression de planer au dessus de cette campagne.  L'abréviation anglaise de Long Slow distances en course à pied n'est pas mal vue... non, là,  tant le froid s'insère dans chaque pore de ma peau je n'ai plus qu'une idée: avancer.
Mon équipement est un peu léger pour faire face à une tempête pareille. Mais un tel changement de temps n'était guère prévisible. A un croisement,  un gentil monsieur,  qui est le responsable de la signalétique sur cette portion, nous attend et nous demande si nous avons besoin d'aide. Quand même pas,  mais les 8 kilomètres restant pour atteindre , où nous déjeunons, seront assez surréalistes.
J'arrive trempé jusqu'aux os dans le petit restaurant. Un changement presque complet de vêtements S'impose.  De toutes façons,  il faut que je change de tactique cet après midi.  Je remet ma vraie veste de pluie et un pantalon du même type.
Mais avant de reprendre le chemin,  un bon déjeuner me requinque bien de la dépense de cette matinée.
Je repars donc mieux armé pour lutter contre les éléments. Le froid m'a presque anesthésié les douleurs et je trottine sans trop de peine. Bien couvert. Bien à l'abri moralement du doute. Les rares automobilistes qui me dépassent sur les petites routes doivent bien se demander ce que je fais à courir par un temps pareil. Moi, je le sais.
Une très légère acalmie me permet de discuter,  en haut d'une des nombreuses montées du jour, avec un monsieur, devant sa belle maison. Il vérifie que les feuilles mortes ne bouchent pas ses conduites d'évacuation... ça lui fait penser à la chanson et il me dit qu'Yves Montand, qui s'appelait d'ailleurs Ivo Livi, est né tout près d'ici.
Je repars avec le temps des cerises en tête,  même si la météo me rappelle davantage le tableau "la tempête" de Giorgone. Dans une montée, l'eau glisse en rideau dans le sens inverse de ma progression. J'ai l'impression de marcjer sur un tapis roulant,  à contre sens.
La pluie retrouve une intensité très forte lorsque j'aborde San Gimignano. Je suis bien content de retrouver aux portes de la ville fortifiée mes deux amis et de me réfugier dans le monastère.
Ce soir,  la pluie a cessé et j'espère pouvoir mieux profiter des beautés toscanes demain!


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