En matière de divorce ou de séparation beaucoup d’idées reçues ont toujours circulé et ce n’est pas les caméras braquées sur les grues où des papas en détresse font parler d’eux qui vont changer les choses. Et pourtant les faits démentent beaucoup de ces idées reçues.
Tout d’abord il faut savoir qu’il n’y a pas que les couples mariés qui doivent passer devant monsieur le juge pour faire valeur leurs droits en matière de séparation mais plus largement tous les parents qui ont en commun un ou plusieurs enfants. En effet, il faut qu’une décision de justice soit rendue pour tout ce qui concerne les gardes d’enfants, que l’on soit marié ou simplement en union libre. Quant au délai d’attente, là aussi les idées reçues tombent, puisque la durée moyenne d’un divorce par consentement mutuel en France est d’à peine 4 mois.
Beaucoup d’associations de papas comme SOS papas dénoncent depuis de longues années l’inégalité entre les mères et les pères en matière de jugements de divorce, la résidence des enfants étant, selon eux, toujours donnée aux mamans et accusent entre les institutions juridiques et sociales de « complicité » avec le genre féminin. Pourtant dans les faits, les choses ne se passent pas tout à fait de cette façon là.
S’il est vrai que dans 80% des cas la résidence de l’enfant est fixée chez la mère la résidence chez le père ne présentant que 8 % des cas et la résidence alternée, 15 % (chiffres 2003, ministère de la Justice). Mais une enquête récente sur le traitement judiciaire des séparations conjugales, fondée sur l’examen de dossiers et l’observation d’audiences au tribunal (enquête menée dans quatre tribunaux entre 2009 et 2010 qui interroge les raisons de la progression limitée de la résidence alternée) montre que « dans 82 % des affaires impliquant des parents ayant des enfants à charge (…), il n’y a pas de conflit sur la résidence des enfants : soit qu’il n’y ait pas de désaccord du tout (divorces par consentement mutuel), soit que le ou les litiges portent sur d’autres sujets [1] ». En bref, les papas ne demandent pas si souvent que cela la garde des enfants, soit qu’ils « affirment ouvertement qu’ils ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’occuper seuls de leurs enfants » : soit ils n’en ont jamais eu l’expérience, soit leurs horaires professionnels les en empêchent. À l’inverse, les mères font généralement valoir le fait que c’étaient elles qui étaient en charge du quotidien de l’enfant, qu’elles ont pour cela adapté leurs horaires, ce qui « rend difficilement admissible le fait de s’en détacher [1] ».
La cause des papas réclamant la garde de leurs enfants n’est pas encore si répandue que cela et cette étude ne va pas les aider à faire bouger les choses…..
[1] Céline Bessière et al., « Résidence alternée : la justice face aux rapports de sexe et de classe », Lien social et politique, n° 69, 2013.