A Serbian Film

Publié le 22 novembre 2013 par Olivier Walmacq

Genre : Drame, Thriller, trash

Année : 2009

Durée : 1H50 (Interdit aux moins de 18 ans) (version non censurée)

L’histoire : Milos une ancienne star  de films pornos a pris sa retraite et vit désormais heureux avec sa femme et son fils. Cependant sa famille doit faire face à la pauvreté. Il est contacté par une ancienne collègue qui le met en contact avec Vukmir, un réalisateur énigmatique et charismatique qui a rassemblé beaucoup de moyens pour réaliser un film porno « nouveau genre ». Vukmir propose à Milos une somme astronomique pour tenir le rôle principal mais en contrepartie Milos ne sait rien du tournage et du futur film. Il finit par accepter, le cauchemar commence….    

La Critique de Vince12 :

En 2009 A Serbian Film de Srdjan Spasojevic créait le scandale sur la toile et sur les écrans de cinéma. En réalité le buzz a éclaté suite à une première bande annonce choc et polémique qui annonçait un film hyper extrême et porté sur l’ultra violence. Le film lancé sur le circuit, allait laisser sur son passage aux festivals des films trash un parfum de scandale, il fut même exclu de certains festivals suite à des pressions énormes. Le film rencontrera même des ennuis juridiques.

Il faudra attendre 2012 pour le voir édité en DVD en France cependant il s’agira d’une version censurée interdite aux moins de 16 ans (comme dans beaucoup d’autres pays). Cependant en France nous aurons également une édition limitée intégrale non censurée et interdite aux moins de 18 ans (c’est d’ailleurs de cette dernière version que nous parlerons).

Vous l’aurez compris A Serbian Film reste un des plus grands scandales cinématographiques de ces dernières années.

Question A Serbian Film est il le film choc annoncé. Oui et non en réalité, mais pour être franc c’est plutôt non, Je m’explique

Attention SPOILERS !

Milos fut jadis une gloire du porno, une véritable star, le genre de gars qui a une batte à la place du machin. Mais Milos a pris sa retraite et mène désormais une vie paisible avec sa femme et son fils. Seul problème Milos et sa famille ne roule pas sur l’or (contrairement à ce que laisse penser sa baraque).

Il est alors contacté par Leija une actrice porno avec laquelle il a autrefois tourné. Leija lui soumet la proposition d’un certain Vukmir, un réalisateur étrange, un peu gourou et philosophe sur les bords qui a pour ambition de tourner un porno nouveau genre. Ce dernier a réuni de nombreux moyens et veut faire de Milos la star de son film. Milos hésite, certes la proposition de Vukmir est alléchante et lui permettrait de toucher un bon paquet d’argent qui le mettrait à l’abri du besoin pendant longtemps.

Cependant il y’a une condition Milos ne doit rien savoir sur le film qu’il va tourner. Il finit par signer le contrat. Mais en réalité il va découvrir qu’il s’est engagé dans un snuff porn mettant en scène des humiliations des viols des tortures et des meurtres avec des femmes et des enfants Milos ne peut plus reculer.

Pour ce qui est du scénario il a été écrit par Aleksandar Radivojevic et Srdjan Spasojevic. Ce dernier a également réalisé le film. Les deux hommes ont affirmé, qu’à travers cette œuvre, ils ont voulu retrouver le côté subversif et politiquement incorrect du cinéma des années 70. Par ailleurs certains ont parlé du nouveau Salo et les 120 journées de Sodome, ce qui n’a en soit rien de vraiment étonnant puisque Radivojevic et Spasojevic se sont dit influencés par le film de Pasolini. Cependant il y’a une différence de taille entre Salo et A Serbian Film.

Mais avant tout parlons de la réalisation du film serbe. Sur ce point là rien à redire, Spasojevic montre qu’il est très pro et qu’il sait très bien jouer avec une caméra. L’image est belle, les cadrages supers, c’est très bien filmé et il y’a quelques ingéniosités au niveau de la mise en scène. Bref c’est du bon boulot.

Au niveau du casting les acteurs sont également impliqués. Srdjan Todorovic qui est un acteur assez connu en Serbie livre une très bonne performance. J’aime également beaucoup Sergej Trifunovic dans le rôle de Vukmir.

Parlons du fond maintenant et revenons sur le scandale, Est il justifié ? Comme je l’ai dit oui et non mais un peu plus non. En réalité si on divise la question en 2 on peut se demander :

A Serbian film mérite-t-il sa réputation d’œuvre extrême et ultraviolente ? C’est là où c’est oui, car il faut bien le reconnaître Spasojevic délivre largement la marchandise. Viols, meurtres, tortures…. Le point culminant est atteint lors d’une scène où l’ont voit un nouveau né sortit tout droit du ventre de sa mère se faire enfiler par un infirmier skinhead et sodomite. Une scène qui sera en partie à l’origine du scandale. Donc oui A Serbian film ne lésine pas et renvoie chez leurs mamans la grande majorité des productions trashs de sa génération (mais pas toutes non plus). Vous pouvez aussi oublier les Saw, Hostel et autres Collectors qui ne tiennent même pas la comparaison. Cependant la violence du film est mal dosée. Puisqu’on faisait le parallèle avec Salo, le film de Pasolini faisait lui monter la violence crescendo ce qui donnait toute sa puissance à l’œuvre et lui conférait un ascendant sur un spectateur. Au contraire A Serbian film commet l’erreur de mettre la scène la plus hardcore en plein milieu, ce qui en quelque sorte vous immunise pour la suite. Pire le final violent devient jouissif avec un Milos qui dégomme tout le monde et qui se fait un gros chauve en lui perforant le crâne avec son poireau (honnêtement comment voulez vous rester sérieux en voyant ça ?).

A Serbian Film mérite t’il sa réputation de film scandale et subversif ? C’est là où c’est non et c’est donc là où ça pose problème. En réalité Srdjan Spasojevic et Aleksandar Radivojevic ont affirmé vouloir faire un film représentant la situation sociale et politique de la Serbie. Personne n’est sans savoir que ce pays sort de dures années de communisme. Hors A Serbian film devait être en quelque sorte un cri de rage. Mais surtout la métaphore d’une société qui va mal. Sur ce dernier point on comprend l’influence de Salo. Mais là ou le film de Pasolini dressait une satire et une peinture remarquable de la société italienne (quoique que sa métaphore s’applique à toutes société), dans A Serbian Film on a du mal à voir en quoi cette histoire de snuff porn  représente la société de la Serbie. Là-dessus Spasojevic et Radivojevic ont trouvé une réponse toute faite « Tu ne peux pas comprendre parce que tu n’es pas Serbe ». Admettons seuls les serbes pourraient comprendre le film là ou l’on n’avait pas besoin d’être Italien ou français pour comprendre Salo. Oui je sais je parle beaucoup du film de Pasolini mais c’est surtout pour dire que c’est à tort qu’on a comparé les 2 films.

A Serbian film avait des thématiques intéressantes, le film rendant également compte de l’omniprésence du sexe dans notre société, mais A Serbian film s’est aussi perdu en chemin et le film ne dresse pas la critique attendue. La Métaphore sociale n’opère pas. Pire plus le film avance moins il est crédible. Certains clichés sont également présents.

A Serbian film n’est donc pas la claque annoncée. Si le film peut vous envoyer un uppercut à la première vision force est de constater que vous ne garderez pas de séquelles sur le long terme.

Pour autant A Serbian Film n’est pas non plus un mauvais film et il reste par ailleurs bien meilleur et bien plus couillus que les productions trash américaines de sa génération. Mais ce n’est pas la révolution annoncée et ce ne sera pas le film culte à venir.   

Note : 14/20

A SERBIAN FILM (SRPSKI FILM) (Horror, Thriller) trailer(2010) Srdjan Spasojevic


Director: Srdjan Spasojevic - Cast: Srdjan Todorovic, Sergej Trifunovic, Jelena Gavrilovic, Katarina Zutic, Slobodan Bestic
https://www.facebook.com/myfilm.gr
A SERBIAN FILM (SRPSKI FILM) (Horror, Thriller) trailer (2010)
A former porn star accepts a role of a lifetime, not realizing that the director has murderous intentions.
Ένας πρώην πορνοστάρ δέχεται τον ρόλο της ζωής του, χωρίς να αντιλαμβάνεται ότι ο σκηνοθέτης έχει δολοφονικές προθέσεις.
του Σέρνταν Σπασόγιεβιτς
με τους Σρένταν Τοντόροβιτς, Σεργκέι Τριφούνοβιτς, Γιελένα Γκαβρίλοβιτς, Καταρίνα Ζούτιτς, Σλόμπονταν Μπέστιτς" itemprop="description" />