« I’m not dangerous ». Vraiment pas, non…
A peine suis-je informé de ce que le budget 2014 de l’état français comprend une disposition scélérate permettant l’amnistie des banques de toutes malversations sur l’octroi de crédits, et cela en dépit de tonitruantes déclarations venues de Londres à présent oubliées ou sujet de railleries ( « I’m not dangerous » !), que j’apprends également à présent la rumeur ¹ d’une possible nomination à Bercy de François Villeroy de Galhau, actuel directeur général délégué de BNP Paribas. Impossible de n’y voir qu’une simple coïncidence, surtout après les déclarations de notre sérénissime, à moins d’être naïf. Rassurez vous il ne s’agit pas pour autant de sombrer dans le complotisme de bas étage que je ne cesse de dénoncer. Il est de toute façon évident que le phénomène oligarchique pointé régulièrement et décrit précisément avec moult détails par le couple Pinson-Charlot ², étayé par leurs recherches sociologiques, est une réalité incontournable, qui explique bien des connivences de décisions en haut lieu, et qui dépassent largement les officiels clivages… . Ainsi, quand Bruno Arfeuille m’envoie sur la piste des banquiers provenant de l’ENA, il fait forcément mouche… Certaines pratiques du pouvoir s’y trouvent là, dans l’article de la Tribune, étalées au grand jour, et pas forcément pour le plus grand bénéfice moral d’une certaine gauche devenue bien adroite…
La fonction politique ne pourra retrouver sa crédibilité que lorsqu’elle se sera absoute de ce genre de pratiques, qui ne varient guère entre la droite et une gauche autoproclamée qui ne se distingue en rien quant à ce genre d’ambiguïtés. On ne peut pas être juge et partie et je vois mal comment un ancien patron de banque pourrait réguler réellement les dérives du monde de la finance sans parti pris, et se voir de toute façon, quelle que soit sa probité par ailleurs, soupçonné de satisfaire même discrètement des intérêts personnels. La rénovation de la vie démocratique passe par là, et Hollande plus qu’un autre serait bien fondé de le comprendre et de l’appliquer. Mais pour quelqu’un qui part de si loin, la tâche est forcément ardue… Le changement, ce n’est pas pour maintenant. A part peut-être pour le « patron » de Bercy ?
La suite au prochain épisode de la Saga du capitaine de pédalo et de son sabre de bois…
.
¹ Elle n’est pas encore confirmée, et l’auteur d’une pétition que j’ai à tort relayée ferait bien d’être plus prudent. La divulgation de ce nom risque en effet de faire bien des vagues…
² … Ils récidivent avec « La violence des riches », « qui pointe une fois encore le cynisme des élites françaises et s’en prend à la délinquance fiscale, véritable sport de classe ». Je ne résiste pas à la tentation de vous en livrer une citation, qui entre en convergence avec les idées et la position politique exprimée ici :
« dans un chapitre sur PSA, les deux auteurs s’interrogent avec ironie sur cette «deuxième droite». «Comment Pierre Moscovici a-t-il pu déclarer au Monde le 17 juillet 2012 : "Comme tout le monde, j’ai ressenti un choc à l’annonce du plan de PSA. Et c’est d’abord aux salariés et à leurs familles que je pense." Mais pouvait-il être dans l’ignorance des difficultés de cette société en tant que vice-président du Cercle de l’industrie, dont Philippe Varin [le président du directoire de PSA] est le président ?»
² Bruno est un infatigable troll bienveillant qui ne cesse de balancer à tous les blogueurs de France et de Navarre un peu connus ses liens (pas toujours fortuits….) entre nos billets et tel ou tel article de journal…