Une comédie au rythme étourdissant qui donne à voir une image quasiment burlesque des coulisses du pouvoir, avec un Thierry Lhermitte qui livre un grand numéro.
On y va pourquoi : Parce qu’on n’est pas tout seul à choisir le film et que des fois, on doit se plier à la majorité … Et puis finalement, on se laisse prendre par cette comédie à 100 à l’heure servie par d’excellents acteurs.
Le Synopsis : Alexandre Taillard de Worms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Worms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares… Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates.
Les principaux acteurs : Thierry Lhermitte (Alexandre Taillard de Worms), Raphaël Personnaz (Arthur Vlaminck), Niels Arestrup (Claude Maupas), Bruno Raffaelli (Stéphane Cahut), Julie Gayet (Valérie Dumontheil), Anaïs Demoustier (Marina), Thomas Chabrol (Sylvain Marquet), Thierry Frémont (Guillaume Van)
Mon avis : Alexandre Taillard de Worms est un ministre des Affaires Étrangères accro au Stabilo jaune fluo et aux citations d’Héraclite, claqueur de portes et déclenchant de véritables bourrasques –au sens propre : tous les papiers volent- avant même d’entrer dans une pièce. Bref, il brasse surtout du vent comme d’ailleurs la plupart de ses nombreux collaborateurs dont la contribution au rayonnement de la France reste quelque peu obscure. Enfin non pas tous : le directeur de cabinet, Claude Maupas, joué par un Niels Arestrup à contre-emploi et hilarant, semble être à peu près le seul à réellement faire avancer les dossiers. Et puis au milieu de cette immense ruche, le jeune ingénu Arthur Vlaminck qui tente d’écrire, et surtout de réécrire encore et encore les discours du ministre. C’est finement décrit –et le fait que Quai d’Orsay soit adapté d’une bande dessinée écrite par un auteur qui fut la plume de de Villepin entre 2002 et 2004 n’y est sûrement pas étranger-, c’est subtil, c’est drôle même si ça laisse parfois un peu mal à l’aise et inquiet au vu de la façon dont fonctionne un ministère, c’est bien joué : bref on passe un excellent moment.