1944. L'horreur des camps de concentration est à son comble, et pourtant, personne ne sait ce qu'il s'y passe réellement. Les millions de déportés découvrent cette existence cruelle, qui tient davantage de la survie, avec ses moeurs, ses codes, et son vocabulaire multilingue spécifiques qu'il faut rapidement assimiler. Mila, jeune femme d'une vingtaine d'années, arrive au camp de Ravensbrück en Allemagne, quelques temps après avoir découvert qu'elle était enceinte. Rapidement, on lui fait comprendre qu'elle va devoir cacher son état pour espérer sauver sa peau ainsi que celle de son bébé. Commence alors une attente emplie de questions, de terreur, de déchéance, d'entraide et d'espoir. A l'aube d'un automne qui fera des ravages au sein du camp, Mila va donner la vie à son enfant, sa lueur d'espoir, sa bouée de sauvetage, et découvrir la Kinderzimmer (en français la chambre des enfants), ce lieu où les bébés naissent avec le statut de déportés politiques, devant déjà lutter contre la mort.
Acheté en librairie hier après-midi, impossible de refermer le livre tant le destin de Mila puis de son bébé était devenu cher à mes yeux. L'écriture de la vie en camp de concentration m'a toujours bouleversée, tant je n'arrive pas à comprendre comment il y a pu y avoir des survivants à cet enfer, comment il ya pu avoir des être assez courageux et possédant encore assez de foi en la nature humaine pour tenir.
Si l'individualisme fait souvent son apparition dans la lutte pour la survie, on peut voir cependant cette entraide ressurgir de plus belle, cette dernière once d'humanité que les nazis souhaitaient faire disparaître en réduisant ces populations à un statut moindre que le bétail.
On imagine sans peine la lutte de cette mère contre la mort, ne sachant pas si ce bébé qu'elle attend est une chance supplémentaire à sa survie ou si au contraire il ne lui fait pas déjà mettre un pied dans la tombe.
Car c'est bien de celà dont il est question tout le long du roman : d'incertitude, d'ignorance. L'histoire de Mila, bien que passée, se construit au présent, en même temps qu'on la lit, avec la même ignorance que son lecteur quant-au sort qui l'attend. Ces moments qu'elle choisit de revivre en pensées sont bruts, non contaminés par la connaissance qu'elle avait acquise plus tard. Le lecteur a ainsi l'impression de découvrir ces lieux infernaux en même temps que la jeune déportée.
Un roman difficile sur un sujet terrible, mais sans pathos larmoyant, qui fera sûrement beaucoup parler de lui en cette Rentére littéraire.
Et voici ma première participation au Challenge 1% de la Rentrée littéraire chez Délivrer des livres!