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Trop près du bord de Pascal GARNIER

Par Lecturissime

 

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♥ ♥

Un roman noir parfaitement maîtrisé

L’auteur :

Figure marquante de la littérature française contemporaine, Pascal Garnier avait élu domicile dans un petit village en Ardèche pour se consacrer à l’écriture et à la peinture. Il nous a quittés en mars 2010. Peintre d’atmosphère alliant la poésie d’Hardellet à la technique de Simenon, styliste du détail juste, il excelle dans la mise en scène des vies simples, celles du voisinage, des souvenirs d’enfant, des je me souviens qui tissent nos mémoires. Mais chez Pascal Garnier, ce beau calme des banlieues de l’âme et de l’époque prépare toujours d’effroyables orages, avec froissement de tôles et morts en série… (Source : Zulma)

L’histoire :

Eliette est veuve et s'ennuie dans sa maison ardéchoise.
Ses enfants sont grands, et elle n'a pour amis que ses voisins, un couple de braves gens. Et puis surgit Etienne, comme au détour du chemin. Une voiture en panne, un ou deux mensonges improvisés, la fille d'Etienne entre en scène et plus rien ne tourne vraiment rond. Pascal Garnier est passé maître dans l'art de dépeindre ces vies qui dérapent, ces destins qui explosent, ces existences où sommeille la folie. (Source : Babélio)

Ce que j’ai aimé :

Eliette mène une vie harmonieuse dans sa maison ardéchoise. Elle jouit de sa solitude, interrompue sporadiquement par les appels ou les venues de ses enfants ou les visites aux voisins. Elle cultive son jardin et sa tranquillité. Cette vie proprette va se trouver bouleversée par l’arrivée d’Etienne, rencontré au détour d’une route, après une mystérieuse panne de voiture. Etienne s’installe pour un temps chez Eliette, conquise par ce quadragénaire, et ils sont rapidement rejoints par Agnès, la fille d’Etienne. Plus rien ne sera quiet, amlgré les efforts incessants d’Eliette pour intégrer Etienne à son paysage harmonieux tout en chassant Agnès, tache sombre dans le tableau idyllique que veut créer la retraitée. Mais les tableaux idylliques ne durent qu’un temps…

« C’est la vie, Eliette, rien que la vie.

On se croit en sécurité, comme sur une autoroute, un peu monotone, on se laisse aller et puis… un gravier, un insecte, et hop ! On perd le contrôle, tête-à-queue, on se retrouve à contresens. Mais bon, tant qu’on n’est pas mort, on arrivera bien quelque part ! » (p.79)

Comme souvent chez Pascal Garnier, la banalité flirte rapidement avec une folie déchaînée, comme si les personnages borderline n’attendaient qu’une légère pulsion pour basculer du bon au mauvais côté de la pente savonneuse de la moralité.

« Partout, dans ces buissons, dans l’herbe, proies, prédateurs se confondaient en une même danse macabre. On pouvait être l’un ou l‘autre, selon les circonstances, et toutes étaient atténuantes. On appelait ça la vie, la plus formidable des excuses. »

Un conte cruel, noir porté par une écriture cinématographique efficace.

Ce que j’ai moins aimé :

- Beaucoup d’hémoglobines, pour ne pas dire plus.

- Le retournement soudain de personnalité des protagonistes basculant du côté obscur de la moralité est peu crédible…

Premières phrases :

  " En tombant dans la casserole pleine d'eau, la pomme de terre pelée émit un plouf sonore dont les ondes se repercutèrent comme une balle de tennis entre les quatre murs de la cuisine. L'épluche-légumes en suspens, Eliette s'immobilisa avec, au plus profond de son être l'intime conviction de vivre un instant de bonheur parfait." 

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Du même auteur : Comment va la douleur ?

D’autres avis :

 Babélio

Trop près du bord, Pascal Garnier, Points, novembre 2013, 5.99 euros


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