Sur le quai, je bénis intérieurement le dieu du métro d’avoir synchronisé mon arrivée avec la rame.
Et de m’éviter d’attendre dans le froid, sous la pluie et de rendre mon petit nez gelé.
Il y a du monde, mais j’arrive à me frayer un petit chemin dans le wagon.
Après quelques arrêts, j’arrive à me choper une place.
Je me pose, j’ouvre mon blouson, retire mon écharpe et sors mon Première.
Je lis un avis sur le dernier film des frères Coen, Inside Llewyn Davis, je commence à lire un avis sur un autre film et je m’aperçois que je l’ai déjà lu. Alors je tourne la page. C’est à ce moment la que je lève les yeux et que je vois un jeune homme plus loin.
Il discute avec deux autres copains, ils se marrent.
Je le regarde un moment, puis je me fais la réflexion qu’il est vraiment pas mal.
Je recommence à lire, mais piquée par la curiosité, je relève la tête et l’observe à nouveau. Il a un long manteau gris, bien coupé. Les cheveux courts, blond vénitien pour la couleur je dirais, il a une petite barbe de 3 jours qui lui donne un sacré charme. Il a une joli bouche ourlée.
Il me plaît bien. Oui.
Nos regards se croisent. Je sens mon sourire timide qui se profile.
Je le regarde quelques instants puis je détourne le regard. Je repense à une conversation avec mon amie E. sur les rencontres et plus spécialement celles se faisant dans les transports. Elle me demandait si moi j’oserais aborder un mec dans les transports pour engager la conversation.
Genre, si j’oserais draguer un inconnu dans les transports.
J’avais bien réfléchi et j’en étais arrivée à la conclusion que oui, mais non. Quand je me retrouve dans un contexte où quelqu’un me plaît comme au cours d’une fête, d’un resto entre potes etc. J’arrive à brader la timidité, mes complexes à la con et je me sens suffisamment sûre de moi pour faire une approche et voir si quelque chose peut se passer. Je m’étonne même de mon audace. Mais en tout cas, dans ce type de situation je finis toujours par faire quelque chose.
Dans les transports, non. Je n’arrive pas à prendre sur moi et d’aller engager une conversation avec un homme qui me plaît. Déjà, je ne sais pas comment je pourrais l’aborder et puis la situation serait un peu trop étrange pour moi de le faire devant plein de monde.
Bon et j’en étais à toutes mes considérations, que ma station est arrivée et je suis descendue.
Et je n’ai rien fait.
J’y repensais dans les couloirs du métro, me disant que je me prenais trop le chou et que cela ne me paraissait peut-être plus si irréalisable que ça.
Je ne sais pas, mais je me dis qu’un jour je pourrais le faire, comme ça pour voir.
Et puis ça pourrait donner une suite intéressante, qui c’est ?