Carole, à l’approche de Noël, prend la route de son village natal, perdu dans les montagnes enneigées. Elle a reçu une boule à neige, un de ces globes en verre que l’on secoue pour faire tomber les flocons. C’est un signe convenu: Curtil, son père, a toujours utilisé ce signe pour avertir de son arrivée prochaine. Elle retrouve donc dans le village de son enfance son frère Philippe et sa soeur Gaby. Le temps passe, et Curtil n’arrive pas. Chaque matin, Carole prend en photo la serveuse qui secoue ses draps à la fenêtre d’en face, descend au café et passe voir les habitants qui la connaissent depuis toujours. Pourtant, avec son frère et sa soeur, une sorte de froideur reste, car Carole reste celle qui est partie. C’est notamment avec Gaby qu’elle est la plus circonspecte, Gaby qui vit avec presque rien en s’occupant de la Môme, une gamine qui n’est pas la sienne, et qui attend le retour de Ludo, son mari, qui est en prison.
Cette intrigue était prometteuse. Pourtant je me suis profondément ennuyée dans ce livre. Concrètement, il ne se passe pas grand-chose, pour ne pas dire rien, dans l’histoire. Je n’ai jamais été très fan des romans sur l’attente et celui-ci vient confirmer cette absence d’engouement. J’ai désespéré pendant tout le roman de voir arriver ce fameux Curtil, dont l’influence est telle que sa fille se déplace pour l’attendre sans même savoir quand il arrivera. Je n’ai pas réussi à comprendre pourquoi ce fantôme de père arrive à mobiliser ainsi ses enfants. Evidemment, me direz-vous, l’appel de Curtil n’est qu’un prétexte pour le rapprochement entre Carole et son ancienne vie, mais j’ai clairement eu l’impression qu’il me manquait un aboutissement de ce côté-là.
Le seul personnage qui m’ait réellement intéressé, c’est Gaby: elle est à la fois une victime et une héroïne. Victime parce qu’on la sent tellement fragile, une marginale qui n’a rien et qui semble bien plus faible mentalement que son frère et sa soeur. Héroïne, parce qu’elle est un véritable roc pour la Môme dont elle s’occupe avec application alors que rien ne l’y oblige, parce qu’elle croit dur comme fer à son couple et au retour de son homme et parce qu’elle continue avec l’application du bon travailleur à fabriquer des pinceaux vendus à la quincaillerie. Elle est aussi surprenante que touchante et seule son histoire m’a réellement donné envie d’en savoir plus à propos de cette famille.
Pour le reste, j’ai trouvé le ton lent, très lent, trop lent. Ce rythme répétitif qui souhaite reproduire à la fois une douce nostalgie et une vie lancinante où rien ne semble se passer et ou pourtant tant de choses doivent éclore n’a pas réussi à m’embarquer. La preuve: voici quelques jours déjà que j’ai fini ma lecture et déjà, j’en garde assez peu de souvenirs, j’ai l’impression de l’avoir survolé et d’être resté extérieur à cette boule de neige alpine. Pour une fille qui vit dans les Alpes justement, ne pas se sentir concernée à ce point est assez symptomatique: j’ai eu à la fois l’impression qu’on parlait de chez moi tout en ne voyant ressortir beaucoup de clichés, comme si dans ces collines enneigées ne vivent que des cas sociaux, des paysans arriérés, des gens profondément tristes, ou qui ne rêvent que de prendre le large vers la ville. Non seulement je ne m’y suis pas reconnue, mais je n’ai pas non plus beaucoup aimé cela.
La note de Mélu:
Un livre qui n’était pas pour moi. Merci néanmoins à Price Minister qui m’a proposé cette lecture dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire. Pour ces matchs de la rentrée littéraire PriceMinister-Rakuten, j’attribue à ce livre la note de 9/20.
Un mot sur l’auteur: Claudie Gallay (née en 1961) est une auteure française.
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