Notre troisième et dernière étape de randonnée dans le Sikkim sera une ascension. Rassurez-vous, nous ne sommes pas fou, nous n’allons pas tenter le Khangchendzonga ou un autre sommet du même genre. Simplement la « colline » Maenam qui culmine à un peu plus de 3100m soit 1100m au dessus du village de Ravangla où nous avons fait étape.
L’organisation de la journée : déjà toute une aventure
Nos deux guides papiers nous indiquent que l’ascension prend entre 3 et 4 heures et nous conseillent fortement de prendre un guide afin de ne pas se perdre sur le chemin. Nous décidons de suivre ces indications et partons donc, la veille, dans la rue principale du village à la recherche d’une agence de voyage. La seule que nous trouvons, nous dit que tous les guides professionnels, c’est à dire parlant un peu anglais, sont indisponibles. Notre meilleure chance semble d’aller le matin même à l’entrée du parc et de trouver un guide directement là bas.
Commençant à être habitués au plan un peu bizarre, nous décidons d’aller vérifier s’il y a bien des guides disponibles à l’entrée. Après une courte marche, nous arrivons au poste des rangers. Trois bâtiments et trois portes fermées à clef. Il est déjà 17h, ca semble normal que les rangers soient partis. Nous sommes confiants, il y aura bien du monde le matin.
Sur le chemin du retour à l’hôtel nous achetons donc de quoi faire un pique nique le lendemain matin. Ici point de pain, fromage et charcuterie pour faire des sandwichs, notre sac sera donc rempli de gâteaux secs, chips et nouilles chinoises. Local donc.
Première étape : trouver un guide local
Le nouveau complexe bouddhique tout juste inauguré par le Dalai Lama à Ravangla.
Après une bonne nuit de sommeil, nous nous levons presque à l’aube (faut pas déconner, le soleil se lève à 5h!) et partons en direction du parc. Des villageois nous indiquent un autre chemin cette fois, et nous arrivons à la véritable entrée avec portique et tout. Les bâtiments de la veille étant en fait les bureaux des gardes forestiers…
Le garde à l’entrée nous confirme qu’il faut bien 4h pour monter, et qu’un guide est « obligatoire ». Nous lui répondons justement que nous en cherchons un, ce à quoi il nous dit qu’il ne nous laissera pas entrer sans guide. S’en suit un dialogue de sourd de 5 minutes avant qu’il ne comprenne (enfin !) que nous n’avons pas de guide et qu’il téléphone à un des ses amis pour qu’il vienne nous guider. Quelques minutes plus tard, celui-ci arrive. Il est équipé en vrai montagnard local, c’est-à-dire : des bottes en caoutchouc et un petite gourde d’un litre, tout ce qu’il faut pour une journée de 8h de marche !
Ca monte, ça monte et ça monte encore !
Une petite pause bien méritée sur le chemin du sommet !
Allez cette fois, c’est parti.
La randonnée commence par un large chemin dans la foret puis après un petit quart d’heure bifurque sur la droite pour s’engouffrer dans la foret et surtout grimper de façon beaucoup plus abrupte. Commence ainsi une sorte d’expédition dans la jungle. Nous sommes bien content d’avoir pris un guide, sans lui, impossible de ne pas se perdre. Après 1h nous avons déjà grimpé 500m de dénivelé quand nous arrivons à un petit abris. Après une courte pause, nous repartons tous deux équipés d’un bâton pour nous aider. C’est sur, des bâtons de rando feront parti de nos achats à Kathmandu !
Le petit chemin de pierre à suivre pour arriver au sommet.
Après encore une bonne heure de marche dans la forêt, la végétation change et commence à devenir beaucoup plus sèche et moins dense. On retrouve par la même occasion un beau chemin de pierre comme sur la journée de Yuksom à Tashiding qui va nous conduire jusqu’au sommet.
Un des objectifs de cette ascension et d’avoir une magnifique vue sur la chaine de l’Himalaya, mais jusqu’à présent, rien ! En effet nous sommes du mauvais versant et la vue nous est donc complètement masquée. Au fur à mesure de la montée, nous espérons que la vue ne sera pas gâchée par les nuages. Il faudra attendre le dernier virage et au final 2h45 de montée pour avoir le verdict. Résultat pas un nuage à l’horizon et une vue à 360° juste magique. Je vous laisse juger par vous même.
De là, se laisse admirer des sommets indiens, népalais, chinois et bouthanais. Un spectacle grandiose qui récompense pleinement les efforts de la montée.
Une rencontre silencieuse
Une fois après avoir repris de force, admirés de longues minutes le paysage et pris de nombreuses photos, c’est l’heure du retour.
Cinq minutes à peine après notre départ depuis le sommet, notre guide s’arrête et nous fait comprendre qu’il y a la maison d’un lama (moine bouddhiste) pas loin à qui il souhaite rendre visite. Nous le suivons pendant quelques minutes et arrivons à la dite maison. Celle-ci est en fait un cabane de quelques mètres carrés perdue dans la forêt.
Après avoir frappé plusieurs fois à la porte, un moine passe la tête par la fenêtre, nous observe pour finir par disparaitre à nouveau. Nous l’entendons farfouiller dans ses affaires pendant de longues secondes puis la porte s’ouvre. Il nous donne à chacun une orange et une barre de chocolat ! Nous sommes très gênés, surtout que depuis le début celui-ci n’a toujours pas dit un mot. Nous le remercions, et alors que nous allions partir une discussion en une sorte de language des signes s’engage entre le lama et le guide. Au final, le lama retournera dans sa cabane chercher 100 roupies et une liste de course comprenant en tout et pour tout des pommes de terre. Après quelques derniers signes et une bouteille de jus de fruit nous repartons, toujours dans le silence.
Nous ne saurons jamais si le moine était muet, avait fait vœux de silence ou si simplement il ne parlait pas la même langue que nous (nous avons cru comprendre qu’il s’agissait d’un moine venant du Bouthan).
Nous attaquons ensuite le chemin de la descente pour de bon. Bien plus rapide qu’à la montée, il nous faudra un peu moins de 2 heures pour retourner à la maison des gardes forestiers et dire au revoir à notre guide mais également à notre compagnon du jour, Rintintin.
Nous ne pouvions pas visiter le Sikkim sans se faire un sommet ! Bon, évidemment, ce n’était pas le Kangchendzonga, mais nous voulions surtout une vue, et nous l’avons eu ! Accessible à tous avec un peu d’entrainement ou du temps, la vue du sommet est juste exceptionnelle ! On serait bien resté toute la journée devant ce panorama grandiose !
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