Le silence des oiseaux dans la ville endormie un matin de jour férié. Un soleil sympa et une douceur météo qui accompagnent la cigarette du matin elle même complice d'un café crème de bon aloi.
Et soudain, un air d'accordéon qui s'élève. Surgit de je ne sais où. Accordéon musette, la Paloma, ce genre de choses.
Et le sourire qui vient avec. Le sourire du souvenir.
Voyage immobile, quelques années en arrière, dans le village des Deux-Sèvres où nous avons posé quelques années nos valises, nos meubles et tout le toutim. Nos voisins. Des sexagénaires gentils comme tout, un peu “simples”, dont l'un des bonheurs du dimanche était avant la messe d'écouter à fond du musette.
L'homme, par ailleurs prince de la voiturette, un peu sourdingue, usait depuis des lustres deux cassettes qui tournaient en boucle. Nous l'entendions et savions que c'était alors le septième jour. Ca nous tirait souvent du lit.
L'esthète du son que je suis souffrait des esgourdes parce que le cassetophone du gaillard était lui aussi usé jusqu'à la bobine, donnant à l'accordéon un curieux son “ouan ouan”. Souvenir de cette initiative que je pris un matin, nanti de mes cotons tiges, sonnant à leur porte, expliquant que je venais nettoyer les têtes de lecture. Et elle qui pour me remercier décida sur le champ de faire du flanc pour nous en donner. Ma gêne, alors, parce que l'hygiène n'était pas le fort de cette masure.
Un petit air d'accordéon.