[Livre] Danse noire – Nancy Huston

Par Tix @ThierryTix

France – 2013

  • PRÉCISIONS

Auteur : Nancy Huston
Publication originale : 2013
 

  • NOTE GLOBALE :


 

  • DE QUOI ÇA PARLE ?

Sur un lit d’hôpital, Milo s’éteint lentement. À son chevet, le réalisateur new-yorkais Paul Schwarz rêve d’un ultime projet commun : un film qu’ils écriraient ensemble à partir de l’incroyable parcours de Milo. Dans un grand mouvement musical pour chanter ses origines d’abord effacées puis peu à peu recomposées, ce film suivrait trois lignes de vie qui, traversant guerres et exils, invasions et résistances, nous plongeraient dans la tension insoluble entre le Vieux et le Nouveau Monde, le besoin de transmission et le rêve de recommencement.

  • NOS AVIS

Mickdeca :

Voilà une lecture plutôt originale que j’ai eu la chance de découvrir grâce aux Matchs de la rentrée Littéraire de Price Minister… Au départ je partais sceptique sur la forme du roman écrit comme un scénario de film avec des “on coupe”, des dialogues en anglais traduits en bas de pages.

Paul et Milo écrivent leur dernier scénario, celui-ci relatera la vie de ce dernier mais aussi de ses ancêtres. Une histoire complexe passant de 1910 à 2010, un siècle est ainsi décrit sur différents pays de l’Irlande au Canada jusqu’au Brésil. Des paysages variés très réalistes, avec des personnages en grand nombre. La star de ce film est Milo, individu très complexe, amour éternel de Paul Schwarz, le narrateur du récit. Ces deux personnages au cœur du roman sont les plus attachants. On remarquera donc que l’histoire en elle-même est intéressante, drôle et émouvante cependant la forme présente des défauts.

Premièrement l’utilisation de l’anglais gêne la lecture car il faut toujours se référer aux notes de bas de pages dans les dialogues cassant un rythme qu’on trouve souvent dans les échanges entre personnages, surtout quand l’un parle en français et l’autre en anglais. Deuxièmement la traduction de ces dialogues surtout pour Awinita ou Declan, est en Québécois campagnard, cela tue la lecture donnant un aspect pathétique-ridicule aux dialogues, le drame étant alors moins percutant. Cette utilisation de l’anglais est compréhensible pour montrer le choc de deux langues, de deux cultures qui s’affrontent. Pour autant cela doit-il être fait au détriment de la fluidité du récit ?

Le roman de Nancy Huston recèle des bonnes idées, le livre apparaît ainsi comme un film, on perd son statut de lecteur pour devenir spectateur. Mais ce changement d’identité n’est pas constant car très vite on redevient lecteur, on a un excellent dosage entre ces deux facettes. De plus on apprécie le recul du narrateur sur son propre travail d’imagination en critiquant certaines séquences, coupant ainsi l’herbe sous le pied du lecteur qui commençait à s’ennuyer.

Enfin ce roman réserve sont lot de surprises, une lecture agréable qui pêche par ses cassures de rythme mais brille par son originalité et sa fresque familiale où les différentes époques et personnages s’entremêlent dans le chaos d’un XXème siècle mouvementé.