Schefferville n’est assurément pas la ville la plus connue du Canada. Découverte de cette localité du Nord du Québec au cours d’un exercice militaire de l’armée canadienne, baptisé « Guerrier Nordique ».
28 février 2013. 7 heures. Québec se lève sous un épais manteau blanc. La route jusqu’à l’aéroport international Jean-Lesage se dessine à peine au milieu de cette neige tenace. Arrivé sur le tarmac, la prise de contact avec les militaires canadiens réchauffe progressivement l’ambiance. Ils sont plusieurs dizaines à vouloir en découdre avec une semaine d’exercices prévus dans un climat subarctique.
Depuis huit jours, une première rotation a déjà pris ses quartiers dans les environs de Schefferville. Les voilà relayés par d’autres éléments venus tout droit du 5ème groupe-brigade mécanisé (5GBC) des Forces canadiennes, basé à Valcartier, à proximité de Québec. Le temps d’une journée, les portes ont été ouvertes aux journalistes. L’occasion de rendre compte du quotidien de ces militaires amenés à défendre les intérêts de leur pays dans des conditions extrêmes.
Près de -35°C sous la neige québécoise
Mais pour se rendre dans ce cadre atypique, près de cinq heures de vol sont au programme. Une rapide escale du côté de Sept-Iles et voilà que se dessinent les paysages uniques du Labrador. Au cœur de lacs glacés et de forêts enneigées, ne cherchez pas la route qui vous mènera à Schefferville : elle n’existe pas ! Seuls un modeste aéroport et une voie ferroviaire accueillent les visiteurs. Sur place, quelques centaines d’autochtones issus des communautés Innu et Naskapi y vivent tout au long de l’année. Pour la Défense canadienne, cet exercice est d’ailleurs l’occasion d’établir de nouvelles relations avec les autorités et les communautés locales.
À notre atterrissage, le changement est saisissant. Le thermomètre frôle les -35°C. Mais pas le temps de gamberger, la journée est définitivement lancée. Les responsables de l’exercice présentent les différents scénarios que doivent mener les 200 militaires de Valcartier. Au programme de la semaine, notamment, une simulation d’écrasement d’avion à proximité du Lac Deschabert, situé à environ 30 km au nord de Schefferville. La simulation entraîne les militaires à se déployer dans un environnement subarctique, évacuer du personnel blessé et traiter les blessures causées par le froid.
Un exploit militaire, un baptême personnel
Pour notre part, nous avons assisté à une grande première dans l’histoire des Forces canadiennes. Les autorités militaires ont fait atterrir un avion Hercules de 75 tonnes sur une piste de glace construite sur le lac Squaw, à proximité de Schefferville. Longue de 1,8 km pour 80 mètres de large, cette piste a été arrosée durant plusieurs semaines pour atteindre une épaisseur moyenne de 54 pouces, soit près de 1,40m. Pour l’occasion, plus d’une centaine d’habitants locaux sont venus assister à cet exploit sans précédent. Acteurs comme spectateurs ont été conquis par cette opération d’envergure.
Mais la journée n’est pas finie. Pour assurer la transition entre les différentes activités, ces portes ouvertes nous amènent au sein d’un hélicoptère de l’armée canadienne. Un baptême personnel aussi impressionnant qu’inattendu. Durant quelques minutes, le survol des forêts du Labrador s’avère d’une richesse esthétique incroyable. Pas besoin de parler, juste de savourer. De retour au sol, nous arrivons sur un campement militaire monté pour l’occasion. Le champ de tir avoisinant est le théâtre d’un bref entraînement. Les balles fusent, les cibles volent. Et ce, dans des conditions rendues extrêmes par le froid et la neige.
Le temps d’une journée, les Forces canadiennes ont ouvert leurs portes au cœur du climat subarctique de la région. L’occasion de mettre en lumière le Canada de l’ombre. Celui de Schefferville, du Labrador, du Nord. De quoi laisser un souvenir impérissable grâce à un accueil d’une richesse humaine impressionnante. Et de paysages à couper le souffle.
Brève vidéo au sein de l’hélicoptère :
Reportage réalisé en collaboration avec Nicolas Laffont, pour 45eNord.ca :