En 30 ans, nous avons gagné 6 années de vie, la mortalité prématurée a considérablement reculé et nous passons, en moyenne, plus des trois quarts de notre vie en bonne santé. Ce sont donc avant tout des progrès considérables mis en avant par cette seconde édition du Panorama de la Santé de l’OCDE (Organisation for Economic Co-operation and Development) sur la santé en Europe, avec néanmoins le risque émergent, avec la crise, d’un recul sur l’accès aux soins dans la plupart des états européens.
Cette deuxième édition présente les données comparables les plus récentes sur les principaux indicateurs de santé de 35 pays européens dont les 27 États membres de l’UE et jusqu’à 2010 et couvre 5 grands thèmes, l’état de santé des populations, les facteurs de risques pour la santé, les ressources et les activités des systèmes de santé, la qualité des soins pour les maladies chroniques et aiguës et les niveaux de dépenses de santé et leurs sources de financement.
Quelques chiffres clés pour l’Europe :
· Notre espérance de vie atteint 79 ans (2008-2010) soit 75,3 ans pour les hommes et 81,7 ans pour les femmes. L’espérance de vie à la naissance est la plus longue pour les femmes en France (85,0 ans) et pour les hommes en Suède (79,4 ans). L’écart entre les différents États membres est important, soit de 8 années pour les femmes et de 12 années pour les hommes, tout comme celui entre les différents groupes socioéconomiques. Globalement, un revenu national élevé est généralement associé à une meilleure espérance de vie. Notre espérance de vie en bonne santé a également progressé et s’élève à 62,2 ans pour les femmes et à 61 ans pour les hommes, avec donc un écart réduit hommes‑femmes.
· Les maladies chroniques sont en prévalence croissante : C’est le cas notamment du diabète, de l’asthme et de la démence. Notons qu’en UE, plus de 6 % de la population âgée entre 20 et 79 ans, soit 30 millions de personnes, souffrent de diabète en 2011.
· Les principaux facteurs de risque sont plutôt à la baisse, sauf …l’obésité :
- Tabagisme : La plupart des pays européens, hors la France, sont parvenus à réduire le tabagisme. Ainsi, moins de 15 % des adultes fument quotidiennement en Suède et en Islande, contre plus de 30 % en 1980.
- Alcool : Globalement, la consommation d’alcool a diminué dans de nombreux pays européens. C’est le cas en France, notamment et dans les autres pays vinicoles.
- Surpoids : Un fléau en progression, avec une prévalence de 52 % du surpoids et de 17% de l’obésité en Europe. Dans de nombreux pays, le taux d’obésité a même doublé en 30 ans. Et l’augmentation est la plus significative au sein des groupes défavorisés et notamment chez les femmes.
Cependant le coût de ces avancées reste considérable, souligne le rapport, à tel point que jusqu’en 2009, les dépenses de santé dans les pays européens ont augmenté plus rapidement que le produit intérieur brut (PIB). Depuis, avec la crise, les dépenses de santé de nombreux pas européens ont été réduites, avec des répercussions sur des points pourtant fondamentaux en santé publique. Ainsi, en 2010, la hausse des dépenses de santé par habitant en termes réels a ralenti ou reculé dans la quasi‑totalité des pays européens.
Et l’accès aux soins ? La question des déserts médicaux inquiète de plus en plus de nombreux pays européens, même si, dans l’absolu, le nombre de médecins par habitant a progressé dans la quasi‑totalité des États. La pénurie d’infirmiers inquiète également. Et, si la qualité des soins s’est améliorée dans la plupart des pays européens, tous peuvent mieux faire, en particulier pour éviter l’admission à l’hôpital des personnes atteintes de maladies chroniques. Cependant les progrès sont notables, en particulier dans le traitement des maladies engageant le pronostic vital telles que l’infarctus, l’AVC et le cancer dans l’ensemble de l’Europe. L’atteste une amélioration des taux de survie concernant différents types de cancers, grâce au dépistage précoce et à une meilleure efficacité des traitements.
En conclusion, sur une base sanitaire en progrès, la crise est passée par là, et l’augmentation des contraintes budgétaires a ajouté des pressions supplémentaires sur les systèmes de santé de nombreux pays européens. Les mesures pour réduire les dépenses publiques de santé pourraient, et c’est l’alerte lancé par le rapport, avoir de sévères répercussions à court et à long terme sur les objectifs fondamentaux de nos systèmes de santé et de la qualité des soins.
Source: OCDE Health at a Glance: Europe 2012
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