20 - 11
2013
L'enfance et l'adolescence d'un jeune homme, différent de ses deux frères, que sa mère préfère considèrer comme une fille et qui se conforme au choix maternel, son parcours identitaire afin de dissiper ce malentendu...
NOTES.
Il n'y a pas que la qualification au Mondial au Brésil (merci Deschamps!) que l'on fête aujourd'hui mais aussi la sortie d'un film français génial, osons le mot, le récit autobiographique transcendé d'un auteur terriblement original que l'on peut néanmoins apparenter à Woody Allen ("New York Stories"), ascendant Xavier Dolan (son premier film "J'ai tué ma mère"). Comment dire ici tout le bien que je pense de cet OCNI tombé du ciel dans le plat paysage du cinéma français? D'autres, à peu près tous ceux qui ont vu le film, l'ont fait avant moi, avant sa sortie ce mercredi 20 novembre : présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, depuis, on en parle, on aligne les superlatifs, tous critiques confondus...
Une enfance, une adolescence, pas loin d'être traumatique, racontée avec un humour qui n'a d'égal que l'émotion que dégage le récit. D'ailleurs, en sortant de la projection hier chez Gaumont, je prends l'ascenseur avec une dame, les larmes aux yeux, je me dis qu'elle est peut-être de la famille... mais, non, elle est simplement émue, moi aussi, bien entendu, mais je suis moins démonstrative. En revanche, toute la journée, j'ai dans la tête la musique de Supertramp sur la scène où Guillaume tombe dans la piscine et remonte, lentement, lentement... jusqu'à être téléporté dans la piscine d'une villa, occupée par sa tante, près de Casablanca ; un séjour qui va provoquer un quiproquo plus tard, quand, en immersion dans un bar gay, Guillaume se fait draguer par un type (Reda Kateb, tellement sexy, bon! ce n'est pas le sujet...) qui l'emmène Porte de Pantin et se fera reprocher ensuite de lui avoir fait croire qu'il était de Casablanca... Et la mère, grande bourgeoise qui n'a jamais penser à passer le périph, en insert sur l'écran : "c'est où la porte de Pantin?". Mais nous n'en sommes pas encore là...
Enfant, Guillaume se comporte comme une fille, considéré par sa mère comme une telle d'autant que cette dernière hurle "Les garçons et Guillaume, à table!" Sauf que sa mère ne s'en rend pas compte, que Guillaume ne comprend pas très bien non plus pourquoi il danse la Sévillanne comme une femme (piquant séjour en Espagne) ou se déguise en Sissi impératrice seul dans sa chambre (scène désopilante où GG se vit en Sissi, longs cheveux sur chemise de nuit déclamant "bla-bla-bla... le poids de l'étiquette...", voluptueusement projeté à la cour d'Autriche, quand, soudain, son père entre dans sa chambre, le trouvant enveloppé de lainages autour de la taille...)
TWITTER.
(vu en projection presse le 19 novembre 2013)
@Cine_maniac
"Les Garçons et Guillaume, à table!": les critic au superlatif et c encore mieux que ça! Coup de cœur absolu, à pleurer de rire et d'émotion"
ET AUSSI...
La méthode Gallienne est sophistiquée et rigoureuse, mine de rien, quand il fantasme, on montre à l'écran les fantasmes, quand il entend mentalement sa mère (cas où elle est absente), il la montre à l'écran en surimpression (sa mère sur un lit parasitant une scène, y allant de son commentaire genre "tu as toujours eu peur des chevaux!"), présentée comme une mauvaise conscience omniprésente, comme cette mère dont Woody Allen pense s'être débarrassé dans "NY stories" après un tour de magie qui a mal tourné (le prestidigitateur a perdu sa mère, il est "délivré") mais qu'on retrouve suspendue dans le ciel de NY, faisant des commentaires sur son fils... Pour corser les choses, le film est un spectacle dans un show : le début du film montre GG sur le point d'aller jouer son premier one man show qui raconte justement ce qu'on voit dans le film, on y revient de temps en temps (un retour à la réalité, GG face caméra car face à la salle de spectacle, un procédé théâtral avec lequel j'ai eu un peu de mal au début, seul mini-bémol, mais on s'y fait vite).
Une phrase résume la douleur sous-jacente de cette comédie dramatique si drôle : "j'ai toujours tout fait par peur"... Tout le film se tient en parfait équilibre entre humour et émotion, le récit nous entraîne subtilement dans la longue marche identitaire de GG, pour ne pas dire un parcours de résilience, les moqueries stigmatisantes en pension, le coup de foudre pour un jeune homme allumeur dans la pension suivante en Angleterre (scène raffinée d'une fête dans une maison chic et cosy, et, dehors, tombe la neige et tomberont bientôt les illusions...) Mais aussi le défilé des psys, les tentatives d'être gay puisqu'adolescent, sa mère, son père, toutes ses tantes le considèrent comme tel. Tout est génialement observé sous le prisme de l'auto-dérision salvatrice, la famille dopée au non-dit, les vacances au fin fonds de l'Espagne pas carte postale, le séjour dans un spa en Bavière, patrie de Sissi, la visite médicale pour l'armée, cette fameuse plongée, tête la première, dans une piscine sur "Don't leave me now" (Supertramp)... J'adore trop ce passage, je pourrais le visionner en boucle... D'ailleurs, pour ce film, ce n'est pas tant les entrées qu'on va compter mais les retours pour une seconde séance... car il faut le voir, le revoir... en attendant la sortie DVD...
A noter que l'auteur, réalisateur, joue tous les deux rôles : la mère, le fils, qu'en guest-star, on a Reda Kateb et Diane Kruger... A noter aussi qu'avant le film, il y a eu un spectacle mais il y aurait trop à dire...
la mère et le fils, le même acteur : le réalisateur
clips Supertramp
Note CinéManiaC :
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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma français, Les Garçons et Guillaume à table Guillaume Gallienne