source: quietglover
« L’alignement des habitations le long des voies de communication doit être interdit », martelait Le Corbusier dans la Charte d’Athènes. Aujourd’hui, force est de constater que ce rêve d’une ville sans rues et totalement fonctionnelle a fait long feu.
La rue, cet espace irréductible à toute rationalisation, zone non optimisée, entre-deux au développement organique et jugaad, a encore de beaux jours devant elle.
La « rue » est une notion teintée d’un romantisme un peu flou depuis au moins 1830. Elle est à la fois le lieu d’une possible déchéance (que l’on finisse « à la rue », « sur le trottoir » ou « dans le caniveau »), et celui de la nouvelle Agora, visage expressif de l’opinion publique.
A ce titre, la rue et la toile forment aujourd’hui deux espaces superposés, dont aucun n’est la carte et aucun le territoire. La rue et l’internet forment les nouveaux champs de bataille du marketing de l’ère connectée, les coups d’éclat de la rue trouvant leur prolongement naturel en ligne, relayés par les passants amusés, les réseaux sociaux posant en nouveaux « cafés du commerce », flashcodes et liens jouant pour les curieux le rôle de raccourcis magiques.
La rue et les réseaux sociaux vivent sur une temporalité similaire, l’instantané et le temps d’attente des badauds. Dans l’une comme sur les autres, un attroupement peut être le point de départ d’une foule ; pulsion scopique et grégarité jouent un rôle important, donnant orientation au chaos.
« Le contraire de cohérent, c’est intéressant », écrit Seth Godin.
La rue n’a rien de cohérent.
Le marketing du temps présent ne peut qu’être streetwise, c’est-à-dire aguerri aux mœurs de la rue. Il doit admettre la créativité, le rire, l’étonnement enfantin, l’improvisation. Il doit être intéressant.