La France ira à la coupe du monde de football. C'est bien ! Mais cela mérite-t-il toute cette hystérie ?

Publié le 20 novembre 2013 par Leunamme

C'était il y a seulement 5 jours, l'équipe de France de football venait de se prendre une leçon par les Ukrainiens. Cette équipe là n'était alors qu'un ramassis de joueurs sans envergure, d'enfants gâtés pourris par le fric. Bref, ils n'étaient que des moins que rien indignes de jouer en équipe de France. Au passage, pas un mot sur la performance des Ukrainiens, ce qui est un peu insultant envers eux, mais pas un mot non plus pour rappeler que tout cela n'est pas grave, que ce n'est qu'un jeu et pas une affaire d'état.

Qu'à cela ne tienne, 4 jours seulement plus tard, ceux là même sur qui on vomissait sont devenus des héros nationaux. Ceux qui les critiquaient violemment hier, au mieux se taisent, au pire les encensent. On défile sur les Champs-Elysées, la télé, la radio bousculent leurs programmes, même l'Assemblée Nationale interrompt ses débats (c'est pas grave, il s'agissait que de la nouvelle réforme des retraites !). Il a suffit d'un seul match pour que l'hystérie s'empare du pays, oubliant au passage que la moitié des Français n'en ont rien à faire du football.

Certes, il est vrai que cette victoire faisait plaisir à voir, d'autant plus que pour une fois les joueurs y ont mis la manière. Mais cette folie nationale qui a saisi le pays d'un seul n'a comme équivalent que les tombereaux de haine qui déferlaient sur l'équipe de France de football depuis vendredi soir.

Ces excès, positifs comme négatifs, en disent long su l'état catastrophique de notre pays. La France est au bord de la dépression ! Les Français sont capables, pour un oui ou pour un non de passer du dépit le plus profond à la joie la plus grande. Les Français vont mal. Ils sont en mal de repères, de certitudes, et il est inquiétant de voir qu'un match de football, que quelques joueurs, peuvent cristalliser toutes les angoisses, tous les ressentiments. Qui a parlé d'opium du peuple ?

On sait les raisons de ce mal-être : la crise économique, les bouleversements sociétaux, une classe politique indigente, mais il en est un principal sur lequel on ne dit jamais rien ou si pue : les médias. Par rapport à l'équipe de France, ce sont quand même les journalistes, et les désormais fameux consultants, qui en ont fait des tonnes sur l'équipe, son jeu, le comportement des joueurs. Ce sont les mêmes qui hier n'avaient plus assez de mots pour se gargariser de bonheur. Et entre les deux, personne ou si peu pour relativiser les choses, pour admettre qu'il s'était trompé ou avait exagéré.

Il y a à cela une raison principale : les médias, et particulièrement la télévision, ont renoncé à leur rôle d'information. Désormais, ils se contentent dêtre des commentateurs du quotidien. L'information n'est plus qu'un spectacle quotidien qu'il convient de rendre le plus vivant et le plus allèchant possible. Pour ces pseudos journalistes, le sport est une aubaine, puisqu'il est un véhicule des émotions les plus fortes, celles justement sur lesquels les médias veulent surfer.

Notre pays va mal, et ce n'est pas un match de football qui va le faire aller mieux. Au contraire, il permet juste de révéler l'ampleur du mal. Et pour guérir il ne fau surtout pas compter sur les journalistes, comme les Diafoirus du Malade imaginaire, ils nous précipitent dans le gouffre.