Elie Kakou: Déjà 15 ans!

A l’occasion des 15 ans de la disparition de l’humoriste Elie Kakou, sortira bientôt un double DVD avec des séquences inédites de l’artiste. L’auteur Patrick Niedo, qui a été chorégraphe des spectacles d’Elie Kakou au Zenith, nous parle de son ami :

Youhumour : Dans quels circonstances avez vous rencontré Elie Kakou ?
Patrick Niedo : C’est Laurence Ansay, une ancienne de mes danseuses (Actuellement directrice de FranceÔ Ndrl) qui a commencé à suivre Elie Kakou. Elle était sa première assistante et directrice de production. C’est elle qui m’a permis de le découvrir lorsqu’il se produisait au Point Virgule. Je suis devenu fan dès son entrée sur scène. J’ai commencé par lui envoyer des lettres et des bouquets puis un jour, à la fin d’un de ses spectacles à l’Olympia il a demandé à Laurence de venir me chercher. Il voulait absolument me voir dans sa loge. C’était en 1994. Une rencontre qui a littéralement changé ma vie.

Le professeur d’anglais

YH : Quel a été votre impression la première fois ?
PN : Elie était un oiseau timide. Il n’avait pas l’air sûr de lui et était très gentil. Il faisait des petites colères quelques fois mais ses réprimandes ne duraient jamais longtemps, il n’était pas rancunier.

YH : Est-ce à ce moment que vous êtes devenu le chorégraphe attitré de ses spectacles ?
PN : En fait non, je l’ai connu lorsque j’avais décidé d’arrêter la danse. J’avais besoin d’un boulot et Elie m’a alors proposé de faire partie de la Kakouphonie comme poursuiteur. Je n’avais jamais fait ça et il m’avait prévenu que cela allait être difficile : Elie était son propre metteur en scène et le suivre était compliqué car il improvisait toujours sur scène.
Quand Elie passait au Cirque d’Hiver, c’était avec des chorégraphies élaborées par Kamel Ouali et Stéphane Jarny. Pendant qu’ils étaient en vacances, Elie m’a demandé de les remplacer comme chorégraphe. J’ai été surpris car je voulais vraiment arrêter la danse. J’ai accepté puis j’ai fait tous les Zénith avec lui.

L’attachée de Presse

YH : Comment était-ce de travailler avec Elie Kakou ?
PN : La Kakouphonie était sa maison et notre lieu de travail. On pouvait voir Elie directement dans sa chambre pour qu’il signe des documents depuis son lit. Il était extrêmement accessible et considérait toutes les personnes qui l’entouraient comme sa famille, qu’il soit technicien ou chauffeur de salle. Pour moi, il est impossible de travailler pour un artiste qu’on aime pas. Elie avait l’autorité sans être autoritaire mais il savait imposer ses choix. Lorsqu’un sketch qui lui tenait à cœur ne fonctionnait pas, il préférait quand même le garder.

YH : Etait-il proche de ses fans ?
PN : Il leur envoyait des cartes, leur écrivait, les rencontrait après son spectacle pour signer des autographes et il leur envoyait des cadeaux. Il rencontrait aussi des enfants malades. Elie supportait mal de les voir dans cet état mais il refusait rarement les visites. Il adorait ses fans mais il vivait mal la horde qui se bousculait pour le toucher. Il ne pouvait pas aller au cinéma comme tout le monde sans provoquer une émeute. Elie était extrêmement timide au fond mais il avait aussi besoin des autres.

YH : Il a pu jouer pour la première fois dans le film « La Vérité si je mens! » de Thomas Gilou en 1997. Pensez-vous que le cinéma était le but ultime de sa carrière ?
PN : Je pense qu’Elie rêvait vraiment de faire du cinéma. Il était très travailleur et bosseur mais sa raison de vivre était la scène.

Elie Kakou et Aure Atika dans « La Vérité si je mens »

YH : En 2009 vous participez à la publication d’un livre souvenir retraçant sa carrière mais aussi les textes complets de ses sketchs : « Elie Kakou, 10 ans déjà ». D’où est venue cette idée ? Une demande des fans ?
PN : Je pense que l’humour d’Elie est irremplaçable mais la plupart des projets sont des demandes de fans. En 14 ans j’ai eu de nombreux projets en têtes (kakounet, Bd de Mme Sarfati…etc.) pour faire perdurer la mémoire d’Elie. Je passe toujours par Charlie, le frère ainé d’Elie, et le reste de sa famille pour élaborer un nouveau projet.

YH : Justement, parlez nous de ce nouveau projet, DVD « Elie Kakou Passion ».
PN :  les 15 ans de la disparition d’Elie, je voulais que ce jour soit marqué par un évènement spécial. En sachant que certaines vidéos inédites de l’INA étaient devenues accessibles, j’ai eu l’idée de produire un DVD unique pour qu’on se souvienne de lui. On y trouve des vidéos inédites des débuts d’Elie comme dans « La Classe« , au « Studio Gabriel » mais aussi son apparition au « Téléthon » par exemple. Le DVD contient surtout un livret rempli de témoignages de personnalités ayant connu de près ou de loin Elie. De nombreux artistes comme Liane Foly, Marianne James et Anne Roumanoff se sont prêtés au jeu. Même son ami Michel Drucker lui a écrit un petit mot. Pour moi, c’était un projet qui me tenait à cœur mais qui a été très difficile à mettre en œuvre. Heureusement, je n’étais pas seul.

YH : A votre avis que penserait Eli Kakou en voyant les innombrables jeunes humoristes qui affluent sur scène, à la télé et depuis le net ?
PN :  Là je n’en n’est pas la moindre idée. Je sais qu’il était très fan de Valérie Lemercier et d’Anne Roumanoff mais je ne pourrais pas vous dire ce qu’il penserait des artistes d’aujourd’hui. Mais il était très bon public. Elie était quelqu’un de simple vraiment.

En quelques années Elie Kakou a marqué de nombreux esprits en interprétant des personnages mémorables. Qui ne se souvient pas de la célèbre madame Sarfati ou bien de l’attachée de presse amoureuse de Jean-Pierre Foucault. L’humoriste a apporté beaucoup à l’humour français et son talent pour la mise scène fait l’un des artistes les plus reconnus du monde du spectacle. En 2014, attendez vous à de nombreuses surprises télévisuelles pour fêter ce 15 ème anniversaire.