une bombe désodorante

Publié le 20 novembre 2013 par Pjjp44

illustration: source toile

"Eh Tonton, est-ce que t’as regardé dehors ? Sur l’avenir de nos enfants il
pleut de plus en plus fort 
Quand je pense à eux pourtant, j’aimerais chanter un autre thème 
Mais je suis plus trop serein, je fais pas confiance au système 
Ce système fait des enfants mais il les laisse sur le chemin 
Et il oublie que s’il existe, c’est pour gérer des êtres humains 
On avance tous tête baissée sans se soucier du plan final 
Ce système entasse des gosses et il les regarde crever la dalle Tonton on est
du bon côté mais ce qu’on voit, on ne peut le nier J’ai grandi au milieu
de ceux que le système a oubliés 
On vit sur le même sol mais les fins de mois n’ont pas le même parfum 
Et chaque année monte un peu plus la rumeur des crève-la-faim 
Le système a décidé qu’y avait pas de place pour tout le monde Tonton,
t’as entendu les cris dehors,  c’est bien notre futur qui gronde 
Le système s’est retourné contre l’homme, perdu dans ses ambitions 
L’égalité est en travaux et y’a beaucoup trop de déviations 

Eh Tonton... On va faire comment ? Dis-moi Tonton, on va faire comment ? 
Est-ce que les hommes ont voulu ça, est-ce qu’ils maîtrisent leur rôle 
Ou est-ce que la machine s’est emballée  et qu’on a perdu le contrôle 
Est-ce qu’y a encore quelqu’un quelque part qui décide de quelque chose 
Ou est-ce qu’on est tous pieds et poings liés en attendant que tout explose 
Difficile de me rassurer Tonton,  je te rappelle au passage 
Que l’homme descend bel et bien du singe pas du sage 
Et c’est bien l’homme  qui regarde mourir la moitié de ses frères 
Qui arrache les derniers arbres et qui pourrit l’atmosphère 
Y’a de plus en plus de cases sombres et de pièges sur l’échiquier 
L’avenir n’a plus beaucoup de sens  dans ce monde de banquiers 
C’est les marchés qui nous gouvernent, mais ces tous ces chiffres sont
irréels 
On est dirigé par des graphiques, c’est de la branlette à grande échelle 

Eh Tonton, on va faire comment, tu peux me dire ? Comme il faut que tout soit
rentable, on privatisera l’air qu’on respire 
C’est une route sans issue, c’est ce qu’aujourd’hui, tout nous démontre

On va tout droit vers la défaite dans cette course contre la honte 

Eh Tonton... On va faire comment ? Dis-moi tonton, on va faire comment ? 
Entre le fromage et le dessert, tout là-haut dans leur diner 
Est-ce que les grands de ce monde ont entendu  le cri des indignés 
Dans le viseur de la souffrance, y’a de plus en plus de cibles 
Pour l’avenir,  pour les enfants, essayons de ne pas rester insensibles

 Ma petite gueule d’amour, mon Polo, mon ami Châtaigne 
On va rien lâcher, on va aimer regarder derrière pour rien oublier, ni les
yeux bleus ni les regards noirs 
On perdra rien, peut-être bien un peu, mais ce qu’il y a devant, c’est si
grand 
Ma petite gueule d’amour, mon Polo, mon ami Châtaigne 
T’as bien le temps d’avoir le chagrin éternel 
S’ils veulent pas le reconstruire le nouveau monde, on se mettra  au boulot 
Il faudra de l’utopie et du courage 
Faudra remettre les pendules à l’heure, leur dire qu’on a pas le même tic
tac, que nous, il est plutôt du côté du coeur 
Fini le compte à rebours du vide, du rien dedans 
Ma gueule d’amour, mon petit pote d’azur il est des jours où je ne peux
rien faire pour toi 
Les conneries je les ai faites, et c’est un chagrin qui s’efface pas 
Faut pas manquer beaucoup pour plus être le héros, faut pas beaucoup 
Je t’jure petit frère, faut freiner à temps 
Va falloir chanter l’amour,  encore plus fort 
Y’aura des révolutions qu’on voudra pas, et d’autres qui prennent leur
temps, pourtant c’est urgent 
Où est la banque ? 
Il faut que je mette une bombe, une bombe désodorante,  une bombe désodorante
pour les mauvaises odeurs du fric qui déborde 
Pas de place pour les gentils, pour les paumés de la vie 
Chez ces gens-là, on aime pas, on compte 

Ma petite gueule d’amour, mon Polo, mon ami Châtaigne 
P’tit frère, putain, on va le reconstruire ce monde 
Pour ça, Tonton, faut lui tendre la main 
Tonton, il peut rien faire si t’y crois pas 
Alors faudra se regarder,  se découvrir, jamais se quitter 
On va rien lâcher 
On va rester groupé 
Y’a les frères, les cousines, les cousins, y a les petits de la voisines,
y’a les gamins perdus qui deviennent des caïds de rien, des allumés  qui
s’enflamment pour faire les malins 
Y’a la mamie qui peut pas les aider, qu’a rien appris dans les livres, mais
qui sait tout de la vie 
À force de ne plus croire en rien, c’est la vie qui désespère 
Faut aimer pour être aimé 
Faut donner pour recevoir 
Viens vers la lumière, p’tit frère 
Ta vie c’est comme du gruyère, mais personne te le dis que tu as une belle
âme 
Ma petite gueule d’amour, mon Polo, mon ami Châtaigne 
On va rien lâcher 
On va aimer regarder derrière pour rien oublier"
-Grand Corps Malade- 




 illustration source toile