Cameroun - Habillement indécent : SOS !

C’est à un exercice particulier et délicat que doit se livrer le secrétaire général d’un ministère, ce matin de septembre 2013. Signifier clairement à une jeune recrue que ses tenues vestimentaires sont inappropriées pour son environnement professionnel.

Fort de sa plastique qu’elle trouve irréprochable, la jeune fille concernée est plutôt portée sur les tenues légères. « Tant que ce n’est pas court, moulant ou échancré sur sa poitrine opulente, ça ne l’intéresse apparemment pas. Ça donne une mauvaise impression de sa personne. Certainement qu’elle veut être sexy, malheureusement elle renvoie l’image d’une aguicheuse »,
confie le responsable de cette administration.
A quelques encablures de là, Alain K., fonctionnaire retraité, se plaint au cours d’une partie de songho d’avoir passé un «mauvais culte » le dimanche précédent. «Une fille portant un pantalon taille basse était assise devant moi. Qu’elle soit assise ou debout, j’avais constamment le spectacle de ses dessous et bien plus sous les yeux. J’ai dû changer de place pour être à l’aise et me connecter à l’enseignement du pasteur », raconte-t-il devant ses camarades hilares. « Vraiment, on ne sait plus où va le monde. Ces affaires de mondialisation, démocratie, liberté vont nous tuer.
En pleine église ! », Renchérit un autre de ses compères.
L’indécence vestimentaire constitue actuellement un véritable souci pour les fa- milles et même les pouvoirs publics. La preuve, la campagne impliquant par moins de sept membres du gouvernement, et lancée hier 19 novembre 2013 à Yaoundé, en rapport avec le thème : « Halte à l’indécence vestimentaire chez les jeunes filles ». Les communications des ministres de la Promotion de la Femme et de la Famille, des Arts et de la Culture, de la Communication et du ministre délégué auprès du MINATD ont appelé à plus de responsabilité dans l’habillement. « Nous avons remarqué que beaucoup de shorts, des décolletés vertigineux, des robes transparentes, des jupes ultra-courtes et autres vêtements très serrés étaient portés librement dans les lieux publics. Les jeunes filles, les plus concernées, doivent savoir que ces te- nues sont extravagantes, inacceptables.
C’est une question de convenance : on doit bien pouvoir continuer à fréquenter les espaces publics dans ce pays sans être agressé par l’exposition de toutes ces chairs », se plaint Myriam Abena, enseignante.
Cet exhibitionnisme est tel que toutes les bouches en parlent. Dans les quartiers, écoles, universités, églises, marchés, transports publics, les filles n’hésitent plus à se couvrir de quelques morceaux d’étoffes seulement. Exposant poitrine, ventre, dos, cuisses… « Certains de ces « pseudos » vêtements ne cachent absolument rien de leur anatomie. Une telle présentation ne peut qu’allumer les mâles qui croisent leur chemin. Raison pour laquelle l’on assiste actuellement à des scènes sordides dans les rues où les jeunes filles sont victimes des mains baladeuses des badauds », explique J. Tonye, universitaire. Certains parents se disent dépassés. « J’ai découvert accidentellement que ma fille cachait des tenues sexy dans son sac et allait se changer chez une copine. Outrée, j’y ai mis le feu. Hélas, je ne peux pas faire tout le temps la police derrière elle. J’essaie autant que faire se peut de la sensibiliser par rapport aux dangers auxquels elle s’expose». Au-delà des agressions sexuelles dont peuvent être victimes les filles portant des vêtements trop près du corps, il y a des maladies. Comme la cystite, les mycoses.