A l'occasion des journées de conférences
Health 2.0 qui se tenaient à Londres, L’Atelier n’a pu que constater les très nombreuses startups venues présenter leurs produits, tous plus aboutis, fonctionnels et interactifs les uns que les autres. Mais si l'on se place du point de vue du clinicien, on peut cependant s'étonner du décrochage entre une offre toujours plus importante d'une part, et une pénétration auprès des habitudes médicales quasi nulle pour le moment. Le fait est qu'avant de pouvoir rêver les objets connectés de demain, avant même de s'imaginer un tel écosystème interactif, il faut d'abord prendre en compte la réalité pratique. Ainsi, selon une étude réalisée par Health 2.0, un peu plus de 60% des médecins reconnaissent ne pas chercher à encourager dans leur pratique l'intégration d'outils de mSanté. Ces obstacles ne signifient pas que la eSanté n'est pas vouée à aboutir, les patients encourageant également son développement, mais bien que celle-ci doit être capable d'épouser les pratiques et résistances existantes au sein d'un secteur relativement rigide.
Maturité économique
Un secteur rigide en effet puisque comme on pouvait le constater lors de l’événement, les outils digitaux souffrent de leur qualité, ainsi c'est la flexibilité d'une startup qui permet l'apparition de telles innovations, mais c'est aussi ce manque de support qui rend l'échange avec les institutions médicales, hôpitaux comme assurances, difficile. Lors de la conférence Financing Health 2.0: Who’s stepping up?,
Martin Kelly, Directeur du IBM Venture Capital Group a confirmé : "
Les startups ne sont pas encore matures, nous sommes encore à l'époque du décollage, le succès des applications de bien-être a pu donner un faux signal, en réalité les innovations technologiques qui touchent au coeur du fonctionnement des hôpitaux vont prendre nettement plus de temps." Les objets connectés se voient ainsi desservis par leur complexité. De fait la pénétration de ces outils ne peut se faire que graduellement, intégrant des services de plus en plus compliqués et utiles au fil de l'utilisation pratique. De plus, Pascal Lardier, Directeur International du Health 2.0 français, interrogé sur le sujet, met quant à lui en lumière l'argument de la rationalité économique : "
Les objets connectés, de par leur coût d'investissement importants, ne pourront être intégrés que par le biais des assureurs médicaux, une fois que les économies induites seront bien avérées." Or ce sont encore ces documents, études scientifiques et analyses de coûts, qui manquent aux startups pour assurer leur futur.
L'impulsion des patients
Autre facteur particulièrement important noté lors de l’événement : la volonté expresse des patients. La majorité des cliniciens ne cherchent pas aujourd'hui à intégrer objets connectés et applications médicales au sein de leurs habitudes, de par le simple fait que ceux-ci n'ont ni le temps ni la formation adéquate pour opérer la transition. Ceux-ci se révèlent craintifs à raison devant une augmentation de leur masse de travail, du moins durant la période d'implémentation, sans augmentation proportionnelle des revenus et devant les potentiels risques de responsabilité découlant de procédures encore peu documentées. C'est ainsi plus vraisemblablement de la part des patients que devrait venir l'impulsion. "
Les patients habitués à leur habitudes digitales vont de plus en plus réclamer ces outils et objets connectés auprès de leurs médecins" avance Pascal Lardier. Il semble donc de manière paradoxale que si la digitalisation médicale ne fait que peu de
doutes auprès des professionnels, c'est aux patients qu'incombe la responsabilité d'impulser leur mise en place.