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Téléphones portables à bord : une bonne nouvelle ?

Publié le 20 novembre 2013 par Toulouseweb

Vous ętes accro ŕ votre smartphone ? Vous faites partie de ceux qui ne peuvent pas attendre plus d’une heure sans surfer sur le web ou télécharger la derničre application ŕ la mode ? Alors parmi vos Ť alertes d’actualité ť, vous avez peut-ętre aperçu celle-ci : depuis le 31 octobre 2013, la Federal Aviation Authority (FAA), autorise désormais les passagers ŕ utiliser en vol, leurs téléphones, smartphones, tablettes multimédias ou encore leurs ordinateurs portables.
De son côté, l’European Aviation Safety Agency (EASA), emboîtera le pas de la FAA et modifiera sa législation sur les męmes critčres, ŕ la fin de ce mois de novembre 2013.
Si les Ť geeks ť et autres Ť nerds ť sont ravis – on s’en doute – certains experts de la sécurité aérienne voient en cette annonce, un aspect discutable voire inquiétant…
Néanmoins, il faut savoir qu’ŕ la demande des équipages, par exemple en cas de fortes turbulences ou de vols par mauvaise visibilité, les passagers pourraient avoir pour consigne d’éteindre leurs petits bijoux de technologie, extensions de leurs bras pour certains.
Qui plus est, lors des phases de décollage et d’atterrissage, les appareils les plus puissants, comme les ordinateurs portables, devront ętre éteints et placés dans les coffres ŕ bagage. Oui, la législation s’assouplit, mais vous ne pourrez pas non plus faire n’importe quoi, n’importe quand.
Enfin, pour le moment…
Car, dans ce bras de fer (virtuel) que se livrent les inconditionnels du smartphone et les spécialistes de la sécurité, les Ť geeks ť pourraient remporter la manche. En effet, la FAA et l’EASA entendent bien trouver un moyen de dissiper ce dernier petit nuage dans le ciel du Ť tous connectés, tout le temps ť…
On en est droit de se demander s’il ne s’agit pas lŕ d’un lobby Ť 2.0 ť, car il convient de savoir que cette nouvelle législation intervient ŕ l’issue d’études menées conjointement par plusieurs experts et représentants de compagnies aériennes, de constructeurs aéronautiques, de pilotes, de personnels de cabine, de passagers et… d’opérateurs en téléphonie mobile !
Si, pour le plus grand bonheur des sociétés de télécommunications, ces derniers ont conclu qu’il n’existe aucune preuve tangible quant ŕ la dangerosité de l’utilisation des smartphones ŕ bord, de nombreux témoignages concordent sur plusieurs aspects.
Ainsi, certains contrôleurs aériens ont rapporté avoir observé sur leurs écrans radar, des Ť bugs ť au niveau des transpondeurs des avions, et affirmeraient qu’ils seraient la conséquence directe des ondes émises par des téléphones portables utilisés ŕ bord.
Bien qu’il soit quasiment impossible de reproduire les effets des smartphones en vol, il existe de nombreuses preuves, plus ou moins anecdotiques, qui démontrent qu’ils peuvent avoir un effet néfaste : cela inclut des informations de navigation erronées, de fausses alertes et de ce fait, une baisse de confiance des pilotes envers les instruments de vol.
De plus, dans une situation d’urgence, les membres d’équipage ont pour mission de donner aux passagers des instructions relatives ŕ leur sécurité. En cas d’interférences sonores dans les haut-parleurs du Ť public address ť, la qualité d’écoute pourrait ętre altérée ŕ un moment oů chaque seconde peut compter. Et dans le cas d’une situation nécessitant une évacuation d’urgence, le personnel de cabine ou les pilotes, n’auraient pas forcément le temps de répéter…
Par ailleurs, dans leur rapport sur l’incident du vol Qantas QF32*, les enquęteurs de l’Australian Transport Safety Bureau (ATSB) écrivent clairement que Ť l’utilisation des téléphones portables comporte un certain nombre de risques de sécurité connus ť.
En effet, selon l’ATSB et toujours dans le cas du QF32, outre de nombreuses probabilités d’interférences avec les instruments encore valides, les passagers ont utilisé leurs smartphones pour prendre le réacteur endommagé en photo, au lieu de centrer leur attention sur les consignes du personnel navigant et sur les procédures de sécurité, comme cela aurait dű ętre le cas.
Si, fort heureusement, cela n’a eu aucune conséquence, on sait qu’en aviation le risque zéro n’existe pas et męme s’il est infime, l’utilisation de smartphones pourrait constituer un danger… Or, l’essence męme de la sécurité aérienne n’est-elle pas de prendre en compte tous les cas de figure envisageables ?
Pour conclure, soulignons le fait que les avions modernes sont équipés de Ť glass cockpits ť bardés d’électronique. De ce fait, les constructeurs cherchent continuellement ŕ diminuer la puissance nécessaire ŕ leur fonctionnement, dans un souci d’économie d’énergie certes, mais également afin de restreindre le risque d’interférences entre les différents instruments.
Avec l’autorisation en vol des smartphones, tablettes et autres ordinateurs portables, demandons-nous si le serpent ne se mord pas la queue et souhaitons que cette nouvelle législation ne constitue pas une boîte de Pandore.
Bastien Otelli – AeroMorning
*Lire, Ť Vol QF32 ť par le commandant Richard de Crespigny, aux éditions Altipresse – http://www.altipresse.com/catalogue.html

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