Edgar et Maria, deux hydrauliciens, accompagnés de staffs locaux d'ACF-Philippines ont chargé ce matin un camion avec le matériel nécessaire pour mettre en place un réservoir d’eau potable et des latrines dans le village. « Le matériel était entreposé à Manille dans les stocks de contingence mis en place par la mission en prévision de potentielles urgences. Il a mis plusieurs jours à rejoindre Roxas, la principale ville de l’île » explique Edgar. « Pendant ce temps, on a trouvé en lien avec les autorités de la zone une source d’eau potable de qualité dans la région et des camions citernes disponibles afin de mettre en place un véritable système de rotation et que les différents réservoirs soient approvisionnés de manière régulière à partir de cette bonne source. »
Une fois, tout cela réuni, les équipes d’ACF peuvent enfin passer au concret : construire avec les villageois le point d’eau en lui même ! Il a fallu d’abord construire une plateforme en hauteur afin qu’un bon débit soit assuré entre le réservoir et la rampe de robinets où iront se servir les villageois. Pour cela, ce village situé en bord de mer avait une solution toute trouvée: le sable de la plage. Pendant que les hommes « forts » du village transportaient le sable et construisaient la plateforme, tout le reste du village était sur la place centrale en train d’offrir un coup de main dès que possible: apporter davantage de sacs pour contenir le sable, trouver des petites pierres pour aménager l’endroit où se trouve la rampe de robinets, éviter ainsi que cela devienne une immense flaque de boue une fois que l’eau coulera ; regarder tout simplement cette agitation en se félicitant que le village avance et reprenne le dessus, et aussi s’amuser de la présence d’étrangers dans le village...
La mise en place de ce point d’eau, c’est l’événement du jour ! Kema Bergera, agée d’une quarantaine d’année, fait partie des observatrices : « j’ai perdu ma maison pendant le typhon, ma famille et moi nous n’avons plus rien. Pour le moment, nous logeons dans le centre de santé du village avec les autres familles sinistrées. » C’est justement à côté de ce centre de santé qu’ACF a décidé d’installer le point d’eau : il pourra donc bénéficier en 1er lieu aux sinistrés, mais également au centre de santé, qui jusqu’ici n’avait pas de point d’eau, et bien sûr aux autres villageois.
« Ici, nous sommes quasiment tous pêcheurs et avec le typhon, les bateaux ont été très endommagés. Dans ma famille, nous avons perdu notre bateau et notre maison. Pour le moment nous n’avons pas assez d’argent pour réparer. C’est notre fils dans un autre village qui nous a aidés pour le moment. Sinon, on ne peut compter que sur l’aide de l’extérieur. Je ne sais pas combien de temps nous allons rester dans le centre d’évacuation. Il y a beaucoup de solidarité dans le village, heureusement. »
Pendant ce temps, le camion de pompier de la municipalité arrive : il a pris de l’eau dans une station de traitement qu’Edgar, l'hydraulicien, a vérifié la veille. Tout le village est là pour le remplissage du réservoir, en train de s’extasier devant le « bladder », cette espèce de réservoir souple qui ressemble à un gros matelas rempli. Quand l’eau se met à couler dans les robinets, tout le monde applaudit et les enfants se jettent sur l’eau pour tester l’installation ! Un premier pas pour ce village et surtout l’immense soulagement de ne plus se sentir seul.