Laura, 15 ans, préfère la compagnie des garçons. Mais lorsque son meilleur pote Sofiane cherche à l'embrasser, Laura le repousse, ses autres potes lui tournent le dos. Elle se retrouve seule, incomprise et montrée du doigt. Alors qu'elle tente une timide approche auprès des filles de sa classe, un scandale l'éclabousse : une photo d'elle, prise dans son intimité, circule sur tous les portables et sur le net. De fil en aiguille, sa réputation est faite, Laura est mortifiée, incapable de riposter, la rumeur ne cesse d'enfler et se jette sur elle comme un vautour sur sa proie.
C'est un texte très court, seulement 100 pages, mais qui raconte juste et bien le calvaire d'une adolescente victime du harcèlement des cours de récréation, via l'utilisation des nouveaux moyens de communication d'aujourd'hui (les réseaux sociaux, les téléphones mobiles, et donc le sexting, la diffamation, l'injure publique et les insultes). C'est une réalité sordide, qui fait froid dans le dos, car c'est extrêmement dangereux de se servir de ces supports pour se défouler, exprimer sa jalousie ou sa colère, ou juste pour faire une blague.
Le roman a bien su capter la réalité du terrain et la complexité des adolescents, tout en apportant des solutions (se confier à des proches, ne pas se renfermer sur soi, porter plainte, etc.). L'héroïne a été entraînée dans une spirale infernale, parce que sa façon d'être n'a pas été acceptée (elle préfère la solitude à la simple idée de jouer un rôle superficiel), elle a été jugée et c'est toujours insupportable de subir ce type de procès bête et mesquin. Ce livre, raconté avec simplicité mais intelligence, offre donc de nombres pistes de réflexion et de débat. Idéal pour les ados.
Actes Sud junior, septembre 2013
« A force d'être salie, je me sens sale. Je suis rentrée dans le rôle, je m'habitue. Quelle raison ils auraient de prendre ma défense, de venir vers moi, puisque même à mes yeux, je ne le vaux pas ? C'est pour ça que je ne vois pas d'issue. Je me dis que quelque part, j'ai dû chercher ce qui m'arrive. Dans le lycée, il y a bien des groupes de filles et de garçons mélangés. Mais une fille seule avec trois mecs, tout le monde sait que j'aurais pas dû ! Surtout que j'ai joué à la plus maligne. J'ai fait ma reine. J'ai fait la coquette. J'ai laissé enfler toutes ces rumeurs sur notre petit groupe. Ça me flattait qu'on pense que je leur plaisais à tous les trois, surtout à Jimmy, qui fait rêver la moitié des filles du lycée. C'était juste un jeu. Mais c'est peut-être ça, être une salope : jouer avec le feu. Pourtant, quand je les écoute, les autres filles entre elles, elles ne parlent que de ça : les garçons, les garçons, les garçons ! Alors autant être seule, plutôt que de me farcir ce genre de copines. C'est pas que j'aime trop les mecs, finalement. C'est juste que je ne les supporte pas, elles, et leur monde de magazine people ! »