Marseille, le dôme. Nous sommes le 12 novembre. Il est 20 heures. La salle s’est remplie : plus de 4000 personnes attendent le début du show de Phoenix – qui n’aura,hélas, pas lieu, faute d’une panne de voix de Thomas Mars. Mais lorsque les lumières s’éteignent peu après 20 heures, c’est d’abord Suuns qui monte sur scène pour assurer la première partie. A cet instant, le public acclame le groupe canadien. Les guitares électriques commencent à vibrer. Les coups de grosse caisse résonnent dans les enceintes qui ne sont qu’à un mètre de nous. Le pianiste, en extase et sous extaz, tapote sur son clavier. Au début, tout le monde dandine de la tête, pensant peut-être assister à une première partie rock’n'roll. Mais les canadiens surprennent en balançant de l’alternative. Et là, aux premiers rangs, on commence à mettre les doigt dans les oreilles, histoire d’éviter l’agression lancée par ce son sous acide lysergique diéthylamide. Le show dure une vingtaine de minutes. Deux heures plus tard, on a pourtant encore les oreilles qui sifflent. Musique bourrine ou mauvais réglage ?
On préfère mettre la faute sur les ingénieurs du son et prétexter un mauvais réglage. Car en s’adonnant à une réécoute de l’album (Images du futur), à tête reposée, cela devient un plaisir, presque jouissif. Certes, on n’apprécie pas forcément dès la première écoute, le talent artistique du groupe. Les sons, très électriques, transpercent et agressent. Mais, d’écoutes en écoutes, c’est l’audace qui l’emporte. Voguant entre ambiance planante, voire hallucinogène, la bizarrerie Suuns trouve une voie intéressante. Car dans ce qui pourrait sembler pour beaucoup du "n’importe quoi" musical, on ressent chez le groupe le plaisir de créer leur univers sombre et névrosé (les pistes 2020, Powers of Ten ou Edies’s Dream en sont le reflet parfait), ou en somme, "le plaisir de se faire plaisir".
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