Anna Claramond vient d’avoir un accident. Elle a visiblement été heurtée par une voiture. Elle s’en sort indemne, mais ses souvenirs ont disparu. Elle sait simplement que ses parents sont partis, qu’elle est la fille d’un architecte célèbre pour les constructions épurées qui s’élancent dans le ciel de New York et que depuis, elle vit seule avec Jacob son majordome. Elle rencontre néanmoins à l’occasion de son accident Wynter Seth-Smith, richissime, très séduisant et surtout très amoureux d’elle. Le si convoité jeune homme ne cache pas son empressement: il la couvre de cadeaux, l’invite au prestigieux Bal de Givre. Mais Anna sent que quelque chose ne va pas. Que lui veut réellement Wynter, qui a certainement d’autres filles à ses pieds? De plus, un mystérieux malfaiteur, le Masque, sévit dans les rues de New York, et Anna sait qu’elle n’est pas à l’abri. Elle hésite: écouter Jacob, ou son amie Mei, et se méfier de ce jeune homme trop beau et trop amoureux ou au contraire accepter la protection et la vie dorée qu’il lui offre?
Ce roman, j’hésite encore quant à déterminer ce que j’en ai réellement pensé. Je savais qu’il s’agissait d’un roman à chute, dont la clé était donnée dans le premier chapitre, donc j’ai lu avec l’oeil affuté de la lectrice qui cherche les indices. Du coup, je dois dire que j’avais deviné une grosse partie de la clé dès les cinquante premières pages. J’ai vite compris que ce New York féérique, onirique, où des arches métalliques sortent de terre pour faire résonner la musique de la pluie, où l’entrée du port est gardée par Time Island, mettait en question la réalité et comme c’est un sujet que j’ai déjà vu et lu très souvent, je me suis retrouvée en terrain plutôt connu. Cela n’enlève rien à la virtuosité de la construction de cet univers éthéré et mélancolique, dont les descriptions mériteraient certainement des illustrations tout à fait somptueuses, même si je trouve encore que les indices auraient pu être mieux mis en place, mieux gérer pour créer réellement un jeu de piste avec le lecteur.
On comprend d’ailleurs assez vite que tout va se jouer entre Wynter et le Masque, ces deux figures aussi inquiétantes qu’intéressantes qui tentent chacun à leur manière de s’approprier la jeune fille. Pourtant, j’ai regretté que le Masque ne soit pas plus exploité, ses apparitions sont rares, décousues et un peu difficiles à suivre. Le personnage de Wynter m’a énormément plu: aussi beau que menaçant, aussi fascinant que détestable, aussi glacial que réconfortant, il a tout à la fois du prince charmant et du vil séducteur et joue parfaitement sur les deux tableaux. En revanche, je n’ai pas du tout aimé l’héroïne. Certes, on est en présence d’une jeune fille désorientée à plus d’un titre, mais j’ai trouvé que justement, pour quelqu’un qui cumule absence parentale, amnésie et coup de foudre, elle fait montre assez souvent de sursauts de lucidité et de fermeté. Du coup, lorsqu’elle se perd complètement en futilité à se demander par exemple comment se maquiller pour le bal, son côté bipolaire a été un peu trop brutal pour moi: tantôt j’avais envie de la gifler pour sa niaiserie, tantôt de la secouer pour qu’elle se bouge lorsqu’elle touche quelque chose du doigt. Je crois que j’aurais bien préféré ma lecture avec une héroïne moins pâle.
La note de Mélu:
Un peu trop froid pour que j’accroche complètement, peut-être. Merci néanmoins à Anne Sophie qui m’a offert ce joli cadeau à un moment où j’avais bien besoin d’une lecture aussi intrigante que légère.
Un mot sur l’auteur: Fabrice Colin (né en 1972) est un romancier français.
catégorie “phénomène météo”