L'histoire: Alors qu'il est en train de chasser, Llewelyn découvre les membres de deux cartels mexicains qui se sont entretués lors d'une transaction. Grâce à ses talents de pisteur, il déniche les deux millions de dollars destinés à payer la drogue. Malgré les risques, il décide de les prendre et devient le gibier d'une haletante chasse à l'homme.
Ce qui s'annonçait comme un western musclé et sanglant s'est révélé être un soufflé mal cuit qui s'est dégonflé dès sa sortie du four. Après une première partie prometteuse et une course poursuite captivante, la fin laisse le spectateur perplexe, voire même déconfit. Le centre du film est une chasse à l'homme macabre menée par Anton Chigurh (Javier Bardem), un psychopathe sadique et ultra violent qui décide à pile ou face qui doit vivre ou mourir. Seulement, Llewelyn, sa proie, n'est pas une innocente victime choisie au hasard mais un vétéran du Vietnam bien décidé à vendre chèrement sa peau et il va donner du fil à retordre à Anton. Malgré un rythme plutôt lent et un style assez contemplatif, les trois quarts du film concernent cette poursuite et sont assez admirables. Mais une demi-heure avant la fin, allez savoir pourquoi, les frères Cohen se sont trouvé une âme d'Alfred Hitchcock et ont décidé de faire disparaître le personnage principal de leur film. Mais c'est encore plus vicieux que dans Psychose car on ne voit même pas la scène de sa mort. Le spectateur attend l'ultime combat entre Anton et Llewelyn; tout le film tend vers cette scène qui, finalement, n'existe pas. C'est à dire qu'on s'attache à un personnage, on espère qu'il va survivre et découvre au détour d'une scène, presque de façon anecdotique, qu'il est mort. C'est à hurler de frustration! Puis le film se referme sur Tommy Lee Jones, shérif vieillissant et blasé dont le rôle me laisse songeuse devant son peu d'intérêt.
Tous les ingrédients sont donc réunis pour faire un superbe film. Le scénario, quelques soucis de cohérence mis à part, se tient bien, les paysages arides du Texas sont majestueux, la musique s'accorde parfaitement à l'image et les acteurs, Javier Bardem en tête, sont exceptionnels. Ce dernier, comme dans le dernier James Bond, sait admirablement jouer la folie sans tomber dans l'excès, et son personnage d'assassin a presque un côté sympathique. Quant à Josh Brolin, il incarne un personnage qui n'a rien d'un héros ; c'est un péquenaud un peu macho qui porte des santiags, des chemises à carreaux et une grosse moustache. Malgré tout, il parvient à faire de Llewelyn un homme charismatique et attachant. En revanche, Tommy Lee Jones est totalement éteint, ce qui correspond à son personnage certes. Le problème, c'est qu'il est tellement transparent qu'il est inutile au film.
C'est drôle comme une scène peut faire basculer l'état d'esprit du spectateur. Objectivement, le twist final est assez intelligent. Il n'empêche qu'il m'a mise hors de moi parce qu'il laisse penser que Llewelyn n'était qu'une misérable crotte et que sa mort ne valait pas la peine d'être montrée. Qu'Anton ne soit pas puni, ce n'est pas grave car la logique veut qu'il soit à la fois inhumain et invincible. Mais que le destin d'un personnage que l'on suit pendant au moins deux heures soit balayé aussi facilement, c'est presque un manque de respect (pour le personnage mais aussi pour le spectateur). Peut-être que je m'emballe trop. Toujours est-il que No Country for old men fut pour moi une terrible déception.