Le tristement célèbre conte Francesco Falletti di Castelman est pratiquement oublié de nos jours, mais alors, au XVIIIème siècle, sa mauvaise réputation était bien établie : provenant de la région du Piémont, il faisait partie de l’aristocratie décadente de la république vénitienne et fut condamné en 1752 pour licence sexuelle et blasphème.
C’est pendant le Carnaval 1751 qu’éclate le scandale. On découvre que le conte Francesco vit dans sa maison du ponte dei Barcaroli, sur la contrada du rio San Fantin, en concubinage avec une certaine "Rosa Romana" alias Antonia Fontana. En réalité, on soupçonne qu’il ne soit pas réellement noble, et sa vie licencieuse défraye la chronique de l’époque.
C’est par les écrits du Supremo Tribunale degli Inquisitori di Stato e degli Esecutori alla Bestemmia que nous en apprendrons un peu plus…
Blasphématoire et libertin, de caractère impénitent, et longtemps resté impuni, "mai pensando a riforma di sorta [...] lontano dal timor di correzioni" écrit le professeur Paolo Cattelan, citant le Tribunal vénitien.
Le 7 janvier 1752, il est jugé. Légitimement convoqué, mais absent, il est décrit comme "un noble étranger, cachant la lâcheté de sa naissance, habitué à usurper le caractère de noble condition, mais ayant une attitude coupable, honteuse, libertine et scandaleuse. Il a ouvert sa maison pour y donner refuge à plus de femmes qu’un seul parti, transformant sa maison en bordel et vivant du profit de mesdames."
Le probable bandit et peut-être faux conte Falletti sera condamné à la prison à perpétuité.
Le jeune Mozart, qui, vingt ans plus tard, logea dans la maison de Falletti s’inspira fortement de ses aventures. Les récits tirés de la vie réelle ont influencé l’œuvre du jeune compositeur et le professeur Paolo Cattelan a suggéré que le conte Falletti pouvait avoir inspiré le Don Giovanni de Mozart, étant donné les nombreuses similarités entre le personnage fictif et le personnage réel, non seulement en matière de style de vie, mais également d’attitude envers les autorités.