Lam Lê, réalisateur vietnamien, entretient une relation toute particulière avec le Festival International du Film d’Amiens. C’est à ce festival qu’il présenta son premier film lors de la première édition de celui-ci. Après un passage l’année dernière dans la compétition du festival avec « Công Binh, la longue nuit indochinoise », c’est un hommage qui lui est attribué cette année par le festival. C’est aussi l’occasion pour lui d’offrir une master-class aux festivaliers.
Pour sa master-class, Lam Lê bouscule les habitudes. Aucune table ou chaise n’est présente, seul le réalisateur est là avec nombreux de ses scénarios, story-boards et autres croquis. Lam Lê vient avant tout partager !
Lam Lê durant sa master-classIl commence par dire que son école de cinéma est la vie, elle-même, et la cinéphilie. Il considère que son cinéma à un rapport direct avec la cinéphilie, la peinture et le théâtre. Il continue en nous confiant que sa motivation à faire des films est comme un phénix d’un désir enfoui.
On apprend qu’il est devenu stagiaire sur un tournage après avoir peint l’appartement de quelqu’un ayant un pied dans le milieu. C’est en étant stagiaire sur ce tournage que son désir de réaliser nait. Il va alors commencer à faire des story-boards. Il nous présente le story-board scénarisé de « Rencontres des nuages du dragon » sa première réalisation qui est un moyen-métrage. Il continue sa présentation en nous montrant un extrait du film, et en nous démontrant comment il avait créé la vitesse à bord d’un train qui ne roulait pas si vite. Lam Lê est quelqu’un de très pointilleux dans ce qu’il fait. D’ailleurs, sur ses films, il s’occupe pratiquement de tout et s’investi même dans les affiches qu’ils confectionnent lui-même.
Il continue en nous présentant le story-board scénarisé de « Garde à vue », qu’il avait fait pour Claude Miller. Lam Lê appuie bien sur le fait que ces story-boards et autre plans de décors doivent être très précis car c’est sur eux que s’appuieront les décorateurs pour créer ce dont ils ont besoin. Il compare d’ailleurs son travail sur les regards dans « Garde à vue » avec « La chevauchée fantastique » de John Ford dont il s’est influencé.
« Garde à vue » de Claude MillerLam Lê nous montre alors comment son long-métrage « Poussière d’empire » s’inspire des œuvres de Georges de La Tour pour son traitement de la lumière. Il continue avec des plans du décor et autres croquis réalisés par ses soins. Il dérive alors sur le story-board de « Microcosmos » réalisé par Jacques Perrin.
Tout au long de sa master-class, Lam Lê présente des affiches qu’il a conçu pour d’autres, ainsi que de nombreux autres story-boards. Sa master-class fût ponctuée par de nombreuses anecdotes et réflexions sur son cinéma et plus généralement sur le cinéma. Un très beau moment dans ce 33ème Festival International du Film d’Amiens, avec un homme généreux et passionné qui aurait pu encore partager avec nous pendant de nombreuses heures …