Les garçons et Guillaume, à table ! ++

Publié le 19 novembre 2013 par Desfilmsetdesmots @DfilmsetDmots

Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : « Les garçons et Guillaume, à table ! » et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : « Je t’embrasse ma chérie » ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.

Trouver les mots justes pour vous parler des Garçons et Guillaume, à table! s’avère un exercice vain tant la pépite que nous livre généreusement Guillaume Gallienne rayonne telle une évidence en chacun de nous.

Après avoir brûlé les planches avec sa pièce de théâtre éponyme, l’acteur aux multiples talents s’essaye brillamment à la réalisation pour porter sa propre histoire sur grand écran.

Prétexte à un « coming out inversé » (dixit l’auteur), Les Garçons et Guillaume… raconte les souvenirs intimes d’un homme qui s’est construit « en miroir », avec une certaine complaisance, selon le reflet que sa mère lui renvoyait.

« Pour rester unique aux yeux de cette Maman sans tendresse mais extraordinaire, pour me distinguer de cette masse anonyme qu’étaient les garçons, il ne fallait surtout pas que j’en sois un. J’ai tout fait pour être une fille, donc, et quel meilleur modèle que ma mère ? C’est ainsi que j’ai commencé à jouer, dès que je me suis mis à l’imiter. Peu à peu, j’ai pris la même voix qu’elle, les mêmes gestes, les mêmes expressions. Je ne suis pas devenu efféminé, mais féminin, m’appropriant Maman. Puis tous les personnages féminins qui m’attiraient. C’était ma manière à moi de les aimer, de m’oublier, de me laisser fasciner. »

Incarner ce que « les autres » attendent de vous. Séduire au risque de se perdre. Prendre conscience du leurre sur lequel on peut parfois se construire. S’affirmer peu à peu, quitte à remettre en question tout son univers, y compris les liens privilégiés avec celle qui nous a façonnée. Au-delà de la petite histoire, les sujets abordés avec humour et subtilité par le comédien semblent universels.

Des sujets plein de finesse mis en scène à travers un univers délicieusement fantasque, où l’on joue à Sissi l’impératrice affublé de sa couette en guise de robe d’époque, où l’on apprend l’art de la « sevillana », cette danse de la séduction qui consiste à aguicher pour mieux se défiler, où l’on peaufine diaboliquement sa stratégie pour échapper au service militaire et où l’on grandit entouré d’une famille gentiment gratinée – le père dépassé, la grand-mère attachante qui yoyote un peu et bien sûr, cette mère « supérieure » au caractère bien trempé.

Pour son premier film, Guillaume Gallienne signe une bien belle déclaration d’amour, à sa mère certes mais aussi aux femmes, lui qui a su en saisir l’essence. Une comédie pleine de tendresse et de sincérité, qui donne envie de sonner le rappel au moment où le générique de fin retentit.

Sortie mercredi 20 novembre 2013.


Les Garçons et Guillaume, à table !
Les Garçons et Guillaume, à table ! Bande-annonce VF