Cette étude de la Case Western Reserve University identifie les mécanismes de défense génétiques développés par Plasmodium vivax, un des parasites responsables du paludisme, qui lui permet aujourd’hui d’infecter des populations jusque-là naturellement protégées. 3 mutations génétiques qui élargissent la menace du paludisme à plus de 100 millions de cas par an. Ces nouvelles données, présentées à la réunion 2013 de l’American Society of Tropical Medicine and Hygiene et qui vont être publiées dans la revue PLoS Neglected Tropical Disease, ont déjà mis les chercheurs sur la piste d’un prochain vaccin.
3 mutations génétiques s’avèrent responsables de la nouvelle capacité d’invasion du parasite Plasmodium vivax : Les données montraient jusqu’à présent que P. vivax ne pouvait pas infecter les personnes dont les globules rouges ne possédaient pas la protéine de surface Duffy (Schéma ci-contre). La protéine Duffy est en effet le récepteur du parasite à la surface des cellules cibles du sang et son absence empêche, normalement, l’invasion par P. vivax. Jusqu’à récemment, les populations de groupe sanguin Duffy-négatif étaient donc naturellement protégées contre l’infection par P. vivax.
Mais les mutations identifiées par les chercheurs de Cleveland, en rendant ces populations « Duffy-négatives » sensibles à l’infection par P.Vivax, pourraient entraîner plus de 100 millions de cas de paludisme par an, en particulier en Afrique, une région jusque-là plutôt préservée.
2,5 milliards de personnes dans le monde sont à risque de paludisme à P. vivax. Jusque-là, les chercheurs pensaient que P. vivax infecte les globules rouges via la protéine de liaison Duffy en s’accrochant au un récepteur Duffy situé à la surface des globules. P. vivax, bien que moins meurtrier que Plasmodium falciparum a un autre atout, il peut se mettre en latence dans le foie puis réapparaître et provoquer des rechutes de la maladie, entraînant ainsi un paludisme chronique parfois mortel.
Une évolution récente, déjà présente dans 10 à 50% des échantillons : Le Pr Peter A. Zimmerman, professeur de santé internationale, de biologie et de génétique à la Case Western et son équipe décrivent, après analyse de 189 échantillons de P. vivax recueillis à Madagascar, les changements dans le génome du parasite, dont la duplication d’un gène connu permettant au parasite d’infecter plus facilement les globules rouges et 2 autres mutations facilitant le mécanisme d’invasion des globules rouges. Des mutations, présentes dans 50% des échantillons de Madagascar, 10% des échantillons du Cambodge et du Soudan, qui pourraient « se propager » via les voyageurs. Les nouveaux composants présents sur le génome de P. vivax sont deux protéines qui ressemblent étroitement aux protéines de liaison utilisés par les parasites pour entrer dans globules rouges. Ces nouvelles protéines étaient absentes lors des séquençages de 2008 ce qui suggère que l’évolution est récente.
La menace est importante donc mais les chercheurs travaillent déjà à un vaccin qui vienne cibler les nouveaux mécanismes utilisés par P. vivax.
Source: PLoS Neglected Tropical Disease (à paraître le 21 novembre 2013) via Case Western Reserve University Vivax malaria may be evolving around natural defense
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