Le stoïcisme est une école de liberté. Il apprend à comprendre plutôt qu’à gémir, à surmonter plutôt qu’à subir. Nous devons accepter ce qui survient de désagréable, parce qu’il est insensé de désirer changer ce qui ne peut l’être. L’expression faire de nécessité vertu exprime bien la pensée d’Epictète, de Marc-Aurèle et des autres stoïciens.
Apparemment ce qui est nécessaire ne laisse aucun choix. En quoi serait-ce une vertu d’accepter ce qui de toute façon ne peut pas être autrement ? Tout simplement parce que nous nous plaignons de ce qui arrive. Nous gémissons sur l’inévitable, au lieu de l’accepter tranquillement ; nous regrettons ce qui irrémédiablement est passé, au lieu de n’y plus penser.
Face à une même contrariété, il y a ainsi deux postures, l’une gémissante, l’autre accueillante. Je peux soit me plaindre de ce qui m’accable, soit m’en accommoder. Or c’est un mérite d’accepter de bonne grâce ce qui est dans l’ordre des choses, comme une maladie, un accident ou un délai.
Désirer que ce qui est arrivé ne soit pas arrivé, désirer que ce qui doit arriver n’arrive pas, c’est comme vouloir qu’un petit enfant ne pleure pas, qu’un cheval ne hennisse pas, qu’un être vivant ne vieillisse pas. Ce qui est absurde, et pourtant banal.
La faute, qui nous coûte la sérénité, est de ne pas savoir conformer notre volonté à la nature des choses — qu’il ne s’agit pas de changer, mais de comprendre. Les petits désagréments comme chaleur, bruit ou attente peuvent le plus souvent être compris dans leur nécessité, et ainsi apaisés.
Est stoïque celui qui endure patiemment ce qu’il juge être inévitable.