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Soirée aux Bouffes du Nord hier soir. Soirée baroque, soirée de prestige avec Andreas Staier au clavecin.
Louis a forcément craqué. Le concert porte l’intitulé "Pour passer la mélancolie". Et Louis succombe forcément à tout ce qui fait référence à la mélancolie, la nostalgie et la tristesse en musique. Dans Cadences de novembre 2013 on peut lire un très bel article présentant ce concert et le soliste qui déclare en parlant de la musique que "son matérieu-même peut symboliser la mélancolie. Ainsi dans la production du son par un clavecin, nous avons un début et une fin. J’ai constitué une sélection de pièces évoquand la fugacité".
On retrouvera donc au programme des compositeurs européens des XVIIème et XVIIIème siècles auxquels Andreas Staier a consacré un album en février 2013 chez Harmonia Mundi portant le fameux titre "Pour passer la mélancolie". La discographie d’Andreas Staier mérite d’ailleurs le détour ! Une cinquantaine d’albums couvrant toutes les périodes de la musique, au piano, pianoforte, clavecin… Andreas Staier n’a peur de rien.
Andreas Staier est une référence. Il a collaboré avec les plus grands ensembles baroques tels que le Freiburger Barockorchester, l’Akademie für Alte Musik Berlin ou encore plus proche de nous, l’Orchestre des Champs-Elysées. On le retrouvera en février à la Cité de la Musique avec la Chambre Philharmonique et Emmanuel Krivine avec notamment au programme le concerto pour piano et orchestre n°9 de Mozart.
Mais hier soir, place au récital, place au baroque et à la beauté nue du Théâtre des Bouffes du Nord.
Et nous n’avons pas été déçu. Pour être tout à fait honnête, nous y sommes allés un peu hésitant, ne sachant pas à quoi nous attendre et surtout craignant de ne pas du tout vibrer au son du clavecin. Pour continuer à être honnêtes nous n’avons pas accroché à tout mais parce que nous sommes moins, voire peu habitués au récital de clavecin.
Et pourtant quel voyage. Rien que l’instrument est un poème, d’un vert élégant, délicatement décoré avec une magnifique reproduction d’un paysage bucolique sur le couvercle. Le lieu est comme d’habitude tout à fait exceptionnel pour ce genre de concerts. Un bravo tout particulier à la lumière, sobrement dirigé vers le centre de la scène, sur l’instrument et Andreas Staier. Le public est plongé dans le noir, et ça, nous adorons. Le lien est plus fort entre les spectateurs et le soliste.
Andreas Staier fait preuve d’une exactitude mathématique. S’il chantait, nous dirions que sa diction et sa prononciation étaient impeccables : le toucher est simple, juste et clair. Les gestes sont comptés, précis. Cette rigueur donne à l’instrument toute sa charge historique et musicale. Mention toute particulière pour l’ultime morceau du programme : une pièce de Georg Muffat, extrait d’Apparatus Musico-Organisticus. Superbe.
En résumé, cette soirée avait la saveur de la rareté heureuse.
De la combinaison de tous ces facteurs a résulté un moment exceptionnel. Nous n’irons pas toutes les semaines à des récitals de clavecin mais ce lundi soir au théâtre des Bouffes du Nord nous laisse une impression enivrante, presque addictive.
La semaine dernière Salle Pleyel nous n’avons pas été autant transporté