Assurément un roman marquant de la rentrée littéraire: féerique, onirique, saugrenue, sensuelle, décalée, belle, la plume ovaldienne virevolte, au gré d'une concordance temporelle variable, d'un tâtonnement narratif et d'une ingénuité volontairement entretenue..
" (J'ai abandonné le projet d'écrire l'histoire de Maria Cristina Väätonen comme s'il s'était agi d'une biographie, d'une notice, ou d'un document bourré de références impératives et de notes de bas de page. J'ai décidé de faire avec l'approximation. J'ai décidé de faire avec ce que je sais d'elle. Et avec ce qu'on m'a dit d'elle. Je ne suis peut-être pas la personne la plus à même d'aller au bout de cette entreprise."
Ecrivain consacrée par la publication, en 1978, d'un roman d'inspiration autobiographique, La vilaine soeur, Maria Cristina Väätonen est rappelée à Lapérouse, son village canadien natal, pour adopter son neveu Peeleete, abandonné par sa soeur aînée. Cette dernière avait eu jadis la "tête cassée" par un accident en forêt dont Maria Cristina s'estime responsable.
Résistant à cette maternité imposée , Maria Cristina s'offre, par voie de narration, un retour sur sa prime jeunesse, son avènement à la publication, la relation ambigue et sensuelle qui la lia au célèbre écrivain déchu, Rafael Claramunt.
Gracieuse, analytique, bavarde, attachante, pimentée d'humour, l'intrigue se meut en une ambiance impressionniste , une veine d'écriture élégante qui évoque celle d'Alice Ferney .
"... il y a une certaine grâce chez les perdants, les plagiaires et les brigands"
AE
La grâce des brigands, Véronique Ovaldé, roman, Ed. de l'Olivier, août 2013, 285 pp, 19,5 €